La Ligue arabe a décidé ce samedi 12 novembre de suspendre la Syrie si le régime de Bachar El Assad n’applique pas, dans un délai de quatre jours, l’accord qui a été trouvé il y a dix jours. Il s’agit essentiellement de l’arrêt des violences, de l’ouverture d’un dialogue et de l’engagement de réformes politiques et sociales. Dix‑huit pays sur les vingt-deux ont voté pour cette suspension, y compris l’Algérie. « L’Algérie s’est jointe au consensus arabe », explique à TSA une source diplomatique algérienne. Mais les débats entre les ministres des Affaires étrangères des pays de la Ligue arabe ont été plus que houleux au Caire.
Le Liban et le Yémen ont voté contre cette décision de suspension. Le premier pour ses liens historiques avec la Syrie et le second parce qu’il réprime lui‑même des mouvements de protestation populaire sur son territoire.
La Ligue arabe a également demandé aux pays membres de rappeler leurs ambassadeurs en poste à Damas, tout en laissant chaque pays décider seul. Selon nos informations, l’Algérie, fidèle au principe selon lequel elle entretient des relations avec un État et pas avec un régime, ne va pas rappeler son ambassadeur à Damas.
Mais en votant pour la suspension de la Syrie des instances de la Ligue arabe, Alger lâche définitivement Bachar el Assad, jusqu’ici son grand allié dans le monde arabe. Depuis plusieurs semaines, les dirigeants du monde entier multiplient les déclarations pour affirmer que le régime syrien est fini. Et les sanctions internationales prises contre lui, et celles qui ne manqueront pas de s’y ajouter si Bachar el Assad persiste dans sa répression féroce, renforcent cette prédiction. Pour Alger, il n’est pas question d’aller à contre‑courant du mouvement et de l’histoire, comme elle a pu le faire à plusieurs reprises ces derniers mois.
Depuis le début des révoltes arabes, Alger a été beaucoup critiquée pour ses positions ambigües vis‑à‑vis des protestataires notamment, notamment dans le cas libyen. Aujourd’hui, le pouvoir algérien veut passer un message à ses partenaires occidentaux et régionaux. Le cas syrien lui permet de justifier a posteriori sa position sur le dossier libyen. Si Alger a été lente à soutenir les rebelles libyens et le CNT, c’est à cause de ses craintes quant aux conséquences d’une intervention militaire sur la circulation des armes dans la région et la déstabilisation du Sahel. L’Algérie veut montrer qu’elle ne s’oppose pas au changement et au processus de démocratisation dans le monde arabe.
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