mercredi 10 juillet 2013

Le Panama, un nouveau paradis pour l'argent de la corruption en Algérie

Djilali Hadjaj
Les responsables corrompus en Algérie ont de plus en plus de difficultés à placer l'argent issu des pots de vin en Suisse en raison de la pression internationale qui pèse sur les banques helvétiques. Ceci ne les a pas pour autant découragé puisqu'ils ont trouvé un nouveau débouché pour leurs commissions : le Panama. C'est ce que révèle Djilali Hadjadj, président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) et porte-parole de Transparency International Algérie, invité du « Direct » de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent.
Pour Djillali Hadjadj, il existe une absence criarde de volonté politique non seulement pour lutter contre la corruption, mais aussi pour identifier et récupérer l’argent de la corruption impliquant des entreprises étrangères ayant obtenu de gros contrats en Algérie. « Il y a une telle traçabilité que tout ce qui est mouvement financier suspect peut être identifié pour peu qu’il y ait une réelle volonté politique des autorités algériennes de retrouver et récupérer l'argent de la corruption », a-t-il expliqué. Il a également révélé l'existence d'une coopération « non dite » entre le mouvement associatif, les médias et un certain nombre d’autorités judiciaires à travers le monde pour suivre le mouvement l’argent de corruption, citant le cas du géant suédois des télécommunications Ericsson, impliqué dans des affaires de versement de pots de vin y compris pour des contrats d'équipement en Algérie.
Le Panama, un récipiendaire des pots-de-vin de l’autoroute Est-Ouest
Citant le scandale de l'autoroute Est-ouest, M. Hadjadj a révélé que le Panama, un paradis fiscal, est le pays qui a reçu une bonne partie des commissions perçues des responsables algériens, à travers « la pyramide » mise en place par le franco-congolais Pierre Falcon, l’un des intermédiaires-clé cité dans cette affaire qui a coûté au Trésor Public un préjudice évalué à plusieurs centaines de millions de dollars et où les noms du ministre des travaux publics Amar Ghoul et celui de Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des affaires étrangères sont cités à longueur de colonnes dans les médias. Selon M.Hadjadj, il existe "un instrument international qui lie le Panama et l’Algérie à travers la convention des Nations-Unies pour la lutte contre la corruption » qui permet aux autorités algériennes d'accéder aux comptes détenus par les responsables algériens dans les banques panaméennes. Mais la volonté d'aller dans cette direction n'existe pas.
L’Autriche facilite l'accueil de l’argent issu de la corruption
Le porte-parole de Transparency International en Algérie déplore le fait que les grands réseaux de la corruption en Algérie se soient « modernisés », puisque, a-t-il expliqué, ils font appel à des processus de « gestion des fortunes » qui sont extrêmement complexes et opaques. D’ailleurs, a-t-il poursuivi, les pays de l’OCDE essayent d’ouvrir une brèche dans ces réseaux, « mais n’y arrivent pas ». Il a indiqué que la Suisse fait des efforts pour transparence des mouvements financiers depuis quelques années rendant « très difficile pour ceux qui bénéficient de pots-de-vin en Algérie de placer cet argent en Suisse ». En revanche, « l’Autriche est l’un des pays qui continue, à ce jour, à faciliter la réception de l’argent issu de la corruption en Algérie ». 
http://www.maghrebemergent.com/actualite/maghrebine/item/26574-autoroute-est-ouest-le-panama-un-paradis-fiscal-pour-l-argent-de-la-corruption-djilali-hadjadj.html
 

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