La nomination de l'expert canadien, William Schabas, à la tête d'une commission d'enquête des Nations unies sur les accusations de crimes de guerre à Gaza n'a pas été du goût du gouvernement conservateur du Canada. Allié inconditionnel de l'État juif, Ottawa s'aligne sur la positon d'Israël qui, comme il fallait s'y attendre, a dénoncé cette nomination tout comme l'initiative de l'ONU qualifiée "[d'] organisation ridicule".
"C'est une honte totale qui ne fera rien pour promouvoir la paix et la dignité dans la bande de Gaza et pour le peuple palestinien", a écrit le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, sur son compte Twitter.
L'intéressé a qualifié la réaction de son pays de "lamentable". Connu pour son expertise, l'ancien doyen de la faculté de droit de l'UQAM (Montréal) et professeur de droit international à l'université Middlesex de Londres, est catégorisé par les Occidentaux et Israël comme pro Arabes.
On reproche à M. Schabas d'avoir déclaré, en 2013, "mon préféré serait Nétanyahou" à propos des dirigeants mêlés ou responsables de crimes de guerre et susceptibles d'être jugés par la cour.
C'est la quatrième commission d'enquête de l'ONU sur Gaza, depuis 2009. Elle doit examiner "les violations du droit international commises dans le territoire palestinien occupé, notamment à Gaza, dans le contexte des opérations militaires menées depuis le 13 juin 2014", selon le communiqué de l'organisation onusienne.
Levée de boucliers
Pour comprendre cette levée de boucliers, il est utile de rappeler un fait très important que William Shabas fait observer dans un entretien accordé au quotidien montréalais La Presse: Depuis 2012, la Palestine est passée sous la juridiction de la CPI. Autrement dit, eu égard aux résultats de cette "commission Schabas", la possibilité de l'intervention de la Cour pénale internationale est "sérieuse et réelle" pour l'expert.
M. Schabas a, également, déclaré à propos de sa commission qu'elle n'était pas un tribunal ajoutant: "Nous n'avons pas le mandat d'évaluer la culpabilité des gens, nous faisons plutôt une analyse juridique des faits pour le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. En principe, nous devons rencontrer les dirigeants politiques [d'Israël et de la Palestine], mais ce n'est pas évident qu'Israël et le Hamas vont collaborer".
Sur le débat soulevé par sa nomination et son "impartialité", il a expliqué que "comme les gens en Israël et beaucoup de gens à l'extérieur, j'ai des opinions personnelles, mais je suis engagé comme expert en droit. Mes opinions n'ont aucun intérêt dans le cadre de ce mandat. Mes propos (de janvier 2013) ont été pris hors contexte. C'était lors d'un débat sur les priorités de la Cour pénale internationale. Desmond Tutu (prêtre sud-africain Prix Nobel de la paix) disait que la Cour semblait occupée uniquement par les dossiers africains -il y a beaucoup de critiques à cet égard- et il a ajouté qu'il aimerait bien y voir Tony Blair. J'ai ajouté ma préférence pour Nétanyahou".
Alamuddin la fiancée de Rooney ou la Peopolisation de l'événement
Certes, la question de la présidence de cette commission et sa composante intéressent les médias, notamment occidentaux. Mais ceux-ci donnent l'impression de vouloir minimiser l'événement en le peopolisant. Sollicitée pour participer à cette commission, l'avocate Britannico-libanaise, Amal Amaluddin a décliné l'offre. Outre son refus c'est sa qualité de "fiancée" d'une star de cinéma, à savoir Georges Clooney, qui est ainsi mise en exergue avant ses qualités professionnelles.
Ainsi, le refus de "la future femme de Georges Clooney", de siéger dans cette commission faisait presque toutes les unes des journaux reléguant au second degré l'importance de la mission de cette commission. Il aurait été plus indiqué dans ce contexte de droit international de rappeler que Amal Amaludin, a défendu Julian Assange lequel est menacé d'extradition en Suède et réfugié dans l'ambassade équatorienne à Londres, depuis 2012. Ou encore qu'elle a travaillé, en 2004, à la CIJ et qu'elle a aussi été conseillère pour le procureur du Tribunal spécial pour le Liban.
Dans un communiqué publié à la suite de l'annonce de sa désignation, la désormais célèbre "juriste-fiancée-de..." a affirmé qu'elle était "honorée" de la proposition, mais qu'elle ne pouvait y répondre faute d'un agenda trop chargé. Il n'en demeure pas moins qu'elle apporte "un appui très ferme" à l'enquête.
L'avocate s'est, également, dit "horrifiée par la situation dans la bande de Gaza occupée et par le nombre des victimes civiles". "Je crois fermement qu'il devrait y avoir une enquête indépendante et une reddition de comptes pour les crimes qui ont été commis", a-t-elle ajouté.
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