Seules des élections présidentielles anticipées dès le début de l'année 2016 démontreraient que les purges récentes contre bon nombre de généraux, dont le fameux Toufik, chef du DRS (voir photo ci dessous) ne sont pas dirigées contre la seule caste militaire.
Le scénario considéré aujourd'hui comme inévitable par quelques grands chefs militaires algériens et par les conseillers les plus avisés de la présidence algérienne semble bien être celui d'élections présidentielles anticipées. Celles-ci, selon ces calculs, interviendraient immédiatement après le changement constitutionnel qui est attendu pour janvier prochain, un simple toilettage en fait qui ne verrait pas la création d'une vice présidence comme cela avait pu être annoncé l'été dernier.
Une collégialité protectrice
Le raisonnement des partisans de ces élections anticipées est en effet le suivant. Le départ forcé du général Toufik et l'éviction de nombreux gradés a laissé meurtris et vindicatifs un bon nombre de gradés peu habitués se voir ainsi maltraités depuis l'indépendance.
Ces rancoeurs sont d'autant plus vives que les purges actuelles devraient se poursuivre dans les semaines à venir, certes sur un mode moins brutal mais de façon tout aussi spectaculaire. Chef du DRS durant un quart de siècle, le général Toufik représentait en effet jusqu'à présent un sérieux contrepoids face au président Bouteflika. La collégialité était une forme d'assurance vie pour les généraux algériens dont aucun, depuis l'accès de Toukik à la tète des services en 1990, n'avait été mis en cause par la justice algérienne.
Ce savant équilibre des pouvoirs aura été brisé ces dernières semaines. Les chefs des armées et des services travaillent désormais sans le filet que constituait la cohabitaion Bouteflik-Toufik, pour le meilleur et pour le pire.
Sursaut national
Comment alors éviter un retour de bâton venu d'une partie de ces Etats-Majors décimés et humiliés? Qui reste-t-il aujourd'hui à la tète de l'Etat pour faire face à une fronde possible? Une poignée d'affairistes, abreuvés de bakchichs dans ce Royaume dont le frère du Président, Saïd Bouteflika, est le prince incontesté. Encore faudrait-il face aux oligarques, qu'un Poutine soit capable de taper du poing sur la table. En l'absence désormais de tout arbitre, la hantise des clans qui se disputent le gateau pétrolier est de finir comme le président syrien, Bachar el Assad, le dos au mur face une population engagée sur le chemin de l'austérité qu'on ne peut plus acheter comme avant.
Aiujourd'hui les principaux responsables de la mise à pied de "Toufik", notamment le vice ministre de la Défense Gaït Salah, n'ont de cesse de calmer les esprits. Il leur faut, et vite, restaurer un consenus au sein des élites politiques et militaires. "Mais si, assurait Gaït Salah à quelques journalistes amis dimanche dernier, Toufik aspirait lui même à prendre sa retraite". D'autres rumeurs prétendent que le chef du FLN et adversaire déclaré du DRS Saadani, était parti à la Mecque en début de semaine que pour conclure une paix des braves ...avec le général Toufik lui même. Autant de balivernes.
Mais pour sortir indemnes de l'actuelle épreuve de force, la Présidence algérienne doit démontrer que le coup de balais anti Toufik n'était pas mu par le seul esprit de vengeance. Le président algérien et ses proches doivent s'en prendre à l'ensemble de la classe dirigeante, civils compris. A cet égard, le départ d'un Bouteflika malade serait la meilleure preuve que les changements intervenus étaient animés par une volonté de sursaut national.
Quitter le pouvoir pour préserver son clan, voci la seule issue pour Bouteflika.
NICOLAS BEAU -
http://mondafrique.com/lire/editos/2015/09/21/alger-seules-des-presidentielles-anticipees-sauveront-le-regime
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