L’entreprise américaine de renseignement sur la Défense, Jane’s information group, à la renommée et réputation longuement établie, a publié le 24 mars dernier un rapport détaillé sur l’Armée algérienne dont nous détenons une copie. Le rapport décrit notamment les capacités militaires de l’ANP et apporte un éclairage sur les événements ayant concerné l’armée algérienne ces dernières années.
Le rapport de Jane’s analyse en outre la vaste campagne menée de juillet 2013 à janvier 2016 par le président Bouteflika ayant abouti à la déstructuration puis à ladissolution du service de renseignements algérien, le DRS.
« Bien qu’elle n’ait pas été engagée dans des opérations conventionnelles à grande échelle au cours des dernières années, l’armée algérienne est considérée comme étant une force relativement fiable », indique le rapport. Du fait que nombre de ses éléments sont actifs dans des opérations antiterroristes depuis la fin de la guerre civile en 2002, « l’armée algérienne bénéficie d’une plus grande expérience, et donc d’une meilleure préparation, que certains de ses voisins de la région », estime en outre Jane’s.
Jane’s consacre une partie de son rapport à la restructuration dont a fait l’objet l’ANP. Le groupe explique d’abord qu’en juillet 2013 de nombreux officiers supérieurs de l’ANP ayant exprimé des inquiétudes quant à l’état de santé du président Bouteflika « se sont retrouvés mis au placard avant de ‘prendre leur retraite’ de manière anticipée ». « En plus d’imposer son autorité sur les forces armées, Bouteflika a réaffirmé son contrôle sur le DRS en remplaçant de nombreux officiers supérieurs par des individus perçus comme étant plus fidèles au président », écrit le rapport.
Concernant la déstructuration et la dissolution du DRS ayant eu lieu en janvier 2016, Jane’s estime que « les bouleversements continus dans les services secrets algériens pourraient atténuer à court terme la capacité de l’État à faire face aux menaces antiterroristes ». Dans la même veine, le rapport publié met en garde contre la dissolution du Groupe d’intervention spécial (GIS) qui selon lui certes « pourrait décroître les risques de coups d’État, mais également nuire à la capacité de l’Algérie à répondre de manière efficace aux attaques terroristes, comme celle qui a eu lieu à In Amenas ».
Dans le même temps, le rapport du groupe suggère que « le fait d’avoir placé les services de renseignement algériens sous le contrôle direct de la présidence, et non à une branche de l’armée comme c’était le cas autrefois, permettra de réduire davantage leurs rôles, jusqu’alors prédominant dans la politique algérienne ». Ainsi, les services « seraient plutôt cantonnés à un rôle plus traditionnel de lutte antiterroriste et de recueil de renseignements ».
Par ailleurs, Jane’s estime que l’Algérie, « jusqu’à un certain degré, conserve un culte du secret digne de l’ère soviétique par rapport à ses forces armées, notamment dans le domaine des postes de commandements ». « Alors que nombre d’entre eux étaient stables pendant de longues périodes, il est devenu évident ces dernières années que Bouteflika a l’intention de réaffirmer son autorité sur les forces armées, particulièrement suite à sa victoire durant l’élection présidentielle d’avril 2014 », soutient le rapport.
Enfin, concernant l’organisation interne, le rapport indique que « depuis l’indépendance, les forces armées algériennes ont été organisées conformément à la doctrine de l’ex-armée soviétique pour les opérations à grande échelle en se basant sur les régions militaires et une structure divisionnaire. Des contacts plus étroits avec les conseillers français et américains depuis la fin des années 1990 ainsi que la restructuration des forces ayant débuté au début des années 1990 ont mené à l’évolution vers une doctrine plus souple, notamment en matière de lutte antiterroriste et des capacités de déploiement rapide, même si le rythme du changement se révèle plus lent qu’à l’idéal », déplore Jane’s.(TSA)
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