Jour après jour, Chakib Khelil dévoile sa stratégie de retour sur la scène politique. Ce lundi au forum du quotidien arabophone Al Hiwar, l’ancien ministre de l’Énergie s’est exprimé sur les relations algéro-françaises, le scandale des « Panama papers », l’emprunt obligataire et la règle 49/51.
Chakib Khelil répond d’abord à ses détracteurs. « Pour certains, je suis en Algérie pour bloquer les
intérêts français. Faux. On me reprochait la même chose quand j’étais ministre de l’Énergie », a assuré l’ancien ministre de l’Énergie et des Mines, en révélant que lorsqu’il était au gouvernement des parties lui demandaient de favoriser les sociétés françaises. Sans nommer ces parties, il affirme qu’elles « se demandaient comment puis-je mettre sur le même pied d’égalité les entreprises françaises et leurs homologues américaines ».
Khelil enchaîne en accusant une nouvelle fois la presse au service des intérêts français « de propager des rumeurs » le concernant. L’occasion pour l’ancien homme fort du gouvernement de rappeler quelques « vérités ». « Entre l’Algérie et la France il y a une relation coloniale mais entre l’Algérie et les État-Unis nous avions toujours eu des liens amicaux », a-t-il asséné. « En critiquant des sociétés française, je n’ai fais que rappeler des vérités », a-t-il ajouté.
Et parmi ces « vérités » figure l’abandon par Total du projet de l’usine de vapocraquage d’éthane à Arzew, près d’Oran, deux ans après la signature de l’accord de partenariat. Il a cité également le cas de la société française Technip qui a abandonné, selon lui, des projets en Algérie. Chakib Khelil laisse entendre que les groupes français bénéficient de protection en Algérie. « Les sociétés françaises ont abandonné des projets sans qu’elles soient obligées de payer un dollar contrairement à Repsol et à Gaz Natural », a déploré Khelil, sans citer les raisons. Et d’enfoncer le clou, en affirmant que « paradoxalement les seuls problèmes enregistrés à l’époque, c’était avec les sociétés françaises ».
Poursuivant l’étalage de « vérités », Khelil reproche à la France de soutenir « sans limite » le Maroc sur le dossier du Sahara occidental et la pointe du doigt dans la déstabilisation de la Libye. « On me parle depuis mon arrivée de la France. Moi je crois que les relations entre les pays sont soumises aux intérêts des uns et des autres. Les Français défendent leurs intérêts, et l’Algérie aussi doit faire de même. Je ne comprends pas pourquoi, c’est toujours à moi de perdre ».
Panama papers « un complot ».
Pour l’ancien ministre de l’Énergie, ce qui se dit et s’écrit sur des affaires de corruption l’impliquant ainsi que sa famille est « un complot ». « Si quelqu’un possède des preuves, il y a la justice », lance-t-il. Sur le scandale de Panama papers, Khelil dit que son nom « n’y figure pas ».
Chakib Khelil a expliqué que posséder un compte offshore n’était pas interdit par la loi algérienne. Pour les 200 millions d’euros de commissions reçues par Farid Bedjaoui dans l’affaire Saipem, Khelil laisse entendre que la somme n’est pas faramineuse si le projet négocié est important.
Elle est où la crise ?
Outre la France et les Panama papers, Khelil s’est exprimé sur des sujets économiques. Il dit ne pas partager les inquiétudes du ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa quant à la situation économique du pays. Pour Khelil, l’Algérie dispose des capacités et des moyens financiers importants pour faire face à la crise. « Du moins l’Algérie disposait de ces capacités lorsque j’étais en fonction », a-t-il rappelé.
« Certains parlent de crise, elle est où la crise ? », s’interroge l’ancien ministre, qui rappelle qu’en Algérie « les étudiants ne paient pas leurs études, et les malades se soignent gratuitement dans les hôpitaux ».
Chakib Khelil pense qu’il faut rompre avec les discours pessimistes : « Au pire il y a l’endettement extérieur ».
Interrogé sur l’efficacité de l’emprunt obligataire national ; il préconise d’impliquer les grandes entreprises comme Sonatrach et Sonelgaz pour obtenir de bons résultats.
La règle 49/51 « à revoir »
Khelil a demandé au ministre de l’Énergie Salah Khebri de relancer les projets à l’arrêt, mais il a reconnu que la règle 51/49 a plombé l’évolution du secteur. Il proposera alors de la revoir pour les petits gisements. « Limiter la marge bénéficiaire d’une société qui investit dans un petit gisement à 49% n’est pas profitable. On pourra garder et renforcer cette règle pour les grands gisements », suggère-t-il.
Concernant le gaz de schiste, Khelil pense que le gouvernement a mal agi en se lançant dans ce projet, sans un dialogue préalable avec la population d’In Salah.
tsa-algerie.com
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