vendredi 18 mars 2011

Les États-Unis réaffirment que Kadhafi doit partir

Malgré le cessez-le feu annoncé par Tripoli, Hillary Clinton a demandé une nouvelle fois au leader libyen d'abandonner le pouvoir. Les rebelles dénoncent un coup de «bluff» de Kadhafi.

Mouammar Kadhafi va-t-il plier devant les menaces d'intervention de la communauté internationale ? Au lendemain du vote à l'ONU d'une résolution en faveur d'une utilisation de la force, le ministre des Affaires étrangères libyen a annoncé vendredi que son pays mettait fin à toutes les opérations militaires. La Libye «a décidé d'observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires», a déclaré Moussa Koussa lors d'une conférence de presse. Il a affirmé que son pays, étant membre à part entière des Nations unies, était «contraint d'accepter la résolution du Conseil de sécurité».

La France, qui se préparait depuis jeudi soir à une intervention militairecoordonnée en Libye avec d'autres pays, a accueilli l'annonce avec prudence. Mouammar Kadhafi «commence à avoir peur mais sur le terrain, la menace n'a pas changé», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Egalement circonspects, les Etats-Unis exigent toujours le départ de Kadhafi. «La situation évolue rapidement. Nous n'allons pas nous laisser impressionner par des mots. Il nous faut voir des actes sur le terrain», assure Hillary Clinton. Pour la secrétaire d'Etat américaine, l'«objectif final» de la résolution de l'ONU doit être le départ de Mouammar Kadhafi.
Sceptique également, le commandant des rebelles libyens, Khalifa Heftir, a estimé que le cessez-le-feu annoncé n'était «pas important» et qu'il s'agissait d'un coup de «bluff» de Mouammar Kadhafi. Selon lui, le leader libyen «doit rendre ses armes et se rendre lui-même aux Libyens, ce qui serait mieux que de se rendre aux forces étrangères».

Accord de principe de l'UE pour de nouvelles sanctions


Les Européens sont par ailleurs parvenus à un accord de principe sur de nouvelles sanctions renforcées contre onze individus, notamment des membres du gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi et neuf nouvelles entités libyennes, a-t-on appris de sources diplomatiques. Ces sanctions - des gels d'avoirs et des interdictions de visa - devraient être adoptées formellement lundi par les 27 ministres des Affaires étrangères, et complétées dans les jours suivants par un train de sanctions supplémentaires afin de se conformer pleinement à celles décidées à l'ONU, ont indiqué ces diplomates.
L'Italie en particulier avait exprimé ces derniers jours des réticences à des sanctions contre les intérêts pétroliers libyens, selon l'un d'entre eux. Mais jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de sanctionner la société pétrolière National Oil Company (NOC), et les Etats membres de l'ONU sont tenus de s'y plier, ont relevé plusieurs diplomates. Le train de sanctions vendredi est le troisième adopté par l'UE depuis le début de la violente répression par le régime libyen de l'insurrection qui secoue le pays.

25 morts à Misrata vendredi matin


Après une nuit de tirs à l'arme lourde, les bombardements avaient repris vendredi matin à Misrata, située à 200 km à l'est de Tripoli et contrôlée par la rébellion. «Des dizaines de bombes de toutes sortes s'abattent sur la ville depuis hier soir», a témoigné un porte-parole rebelle. Selon la chaîne de télévision al-Arabiya, ces combats auraient fait 25 morts.
Les combats continuent aussi près d'Ajdabiya, dernier verrou des insurgés avant leur fief de Benghazi, à 160 km de là. De nombreuses explosions ont notamment été entendues en provenance de Zuwaytinah, un petit port pétrolier situé à 30 km au nord-ouest d'Ajdabiya, Selon des sources médicales et des insurgés interrogés dans le village de Chat al-Bedine, à une trentaine de kilomètres des combats, les environs du port ont été visés par des bombardements.
De fortes explosions sporadiques et lointaines ont été entendues vendredi depuis le centre de Tripoli, sans qu'il ne soit possible d'établir leur origine. Des témoins et journalistes présents dans la capitale libyenne ont également entendu le bruit d'une série de six à huit détonations. Tripoli aurait par ailleurs fermé son espace aérien selon Eurocontrol, l'agence qui gère le trafic aérien en Europe. Une information démentie par les autorités libyennes.

























Des combats ont également eu lieu jeudi soir et vendredi matin à Nalout et Zenten, deux villes de l'ouest libyen sous contrôle de l'opposition, entre des forces loyales à Kadhafi et les insurgés, selon des habitants. À Zenten, les affrontements ont fait des victimes des deux côtés, selon un riverain. À Nalout, la situation est revenue au calme vendredi après une attaque réussie des insurgés contre une position des loyalistes la veille. Les anti-Kadhafi auraient saisi des armes et des munitions sur places, et fait prisonniers plusieurs militaires, selon un rebelle.
Plus à l'est, Benghazi craint de subir le même sort que Misrata. Selon la chaîne al-Jezira qui rapportait vendredi matin des propos du fils de Mouammar Kadhafi Seif al-Islam, l'armée libyenne avait prévu de se déployer autour de ce bastion des insurgés, sans y pénétrer, et des unités antiterroristes devaient y être envoyées pour désarmer les insurgés. Les forces gouvernementales devaient en outre aider les habitants à quitter la ville, a ajouté Seif al-Islam selon la chaîne qatarie.

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