Le bilan du double attentat perpétré vendredi dernier en Norvège est passé de 93 à 76 morts, a annoncé lundi la police norvégienne.
La fusillade ciblant quelque 600 jeunes travaillistes réunis sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo, a fait 68 morts, alors qu'on en avait dénombré 86 auparavant.
« Tous les corps des victimes ont maintenant été évacués de l'île, ce qui a permis de dresser un bilan plus précis », a expliqué un responsable de la police d'Oslo, Oeystein Maeland.
Huit autres personnes sont mortes dans l'attentat à la voiture piégée qui s'est produit quelques heures auparavant dans la capitale, à proximité du siège du gouvernement. Le plus récent bilan rapportait sept morts.
Le carnage a également fait 97 blessés et un nombre indéterminé de disparus. Lundi, le tabloïde Dagbladet a d'ailleurs publié à la une les noms et les photos de 10 disparus, âgés de 14 à 21 ans.
Le suspect s'explique
Le suspect des attaques a déclaré qu'il avait voulu s'en prendre au Parti travailliste pour ses politiques d'immigration, a rapporté lundi le juge qui présidait la comparution du tireur.
Deux jours après qu'il eut reconnu avoir perpétré le double attentat, Anders Behring Breivik a comparu devant le juge Kim Heger à 11 h GMT (7 h HAE) lundi matin.
En attaquant les jeunes militants sur l'île d'Utoeya, il a expliqué lors de l'audience avoir voulu stopper le recrutement de nouveaux membres au sein du Parti travailliste. Il a soutenu que le gouvernement favorise la venue massive de musulmans en Norvège et trahit ainsi le pays.
Rappelons que le suspect de l'attentat à la voiture piégée d'Oslo et de la fusillade sur l'île d'Utoeya a été inculpé d'actes de terrorisme par la police norvégienne.
Selon le juge, Anders Behring Breivik a reconnu les faits, sans toutefois plaider coupable. Il a dit vouloir défendre son pays et l'Europe contre l'islam et le marxisme. Il a aussi évoqué « deux autres cellules » dans son organisation.
Il a également souligné que « les attaques ne visaient pas à faire un maximum de victimes ». « L'objectif de l'attaque était d'adresser un signal fort à la population », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Anders Behring Breivik n'a pas été autorisé à comparaître en uniforme militaire, comme il l'avait demandé.
Le suspect restera en détention provisoire pendant huit semaines, dont quatre en isolation totale, selon ce qu'a décidé le juge Kim Heger.
« Généralement, le maximum est de quatre semaines, mais dans des cas spéciaux, on peut demander jusqu'à huit semaines renouvelables », avait expliqué une porte-parole de la police, Viola Bjelland, citée par l'Agence France-Presse.
Photo: AFP/Jon-Are Berg-Jacobsen
Le suspect Anders Behring Breivik quitte le tribunal
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Comparution à huis clos
À la demande de la police norvégienne, l'audience s'est déroulée à huis clos. Les forces de l'ordre voulaient ainsi éviter d'offrir à l'auteur de l'attentat une tribune pour qu'il expose ses théories sur le « marxisme culturel » ou « l'islamisation de l'Occident » et empêcher que cela incite à d'autres violences.
Plus de 60 000 personnes se sont d'ailleurs inscrites à un groupe Facebook pour demander que cette première comparution soit interdite au public et fermée à la presse. Un autre groupe créé sur le réseau social a demandé de « boycotter tous les médias qui décrivent le terroriste norvégien et ses convictions ».
Le suspect avait quant à lui demandé que l'audience soit publique. « Il veut s'expliquer pour ce qu'il a fait. Il veut le faire publiquement », avait mentionné son avocat, Me Geir Lippestad.
La comparution du Norvégien de 32 ans ne devait durer qu'une demi-heure, mais elle a attiré les foules. Près de 200 membres des médias et autant de citoyens se sont présentés à l'extérieur du tribunal. Près d'une centaine d'autres journalistes s'étaient également massés à l'intérieur avant que ne soit décrété le huis clos.
À son arrivée au tribunal, il a été accueilli par des manifestants qui lui ont crié « sale traître ».
S'il est reconnu coupable, Anders Behring Breivik est passible d'une peine maximale de 21 ans de prison. Et dans des circonstances exceptionnelles, la loi norvégienne permet d'obtenir une prolongation de cette peine. Tout indique que c'est ce que les procureurs demanderont.
Il a dit lors des interrogatoires qu'il était prêt à passer toute sa vie en prison.
— Le procureur Christian Hatlo
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées près du port dans le centre d'Oslo pour rendre hommage aux victimes de la double attaque de vendredi, selon une journaliste de l'AFP sur place. Les participants tenaient pour la plupart des roses à la main, après un appel au rassemblement également suivi dans plusieurs autres villes du pays.
L'ex-première ministre Brundtland aurait été visée
Un journal local a révélé lundi matin que l'attaque perpétrée sur l'île d'Utoeya visait notamment l'ex-première ministre, Gro Harlem Brundtland, qui accompagnait les 600 jeunes travaillistes réunis au camp d'été.
Elle aurait toutefois quitté les lieux deux heures avant l'attaque, le suspect ayant été retardé dans l'exécution de son plan.
L'engrais chimique acheté en Pologne
Anders Behring Breivik a acheté de l'engrais chimique à une compagnie polonaise de manière totalement légale, a affirmé lundi l'Agence de sécurité intérieure polonaise (ABW). Plus de 100 kilos d'un produit et quelques centaines de grammes d'un autre auraient été vendus par Internet.
Plus tôt en matinée, la police polonaise avait interrogé le propriétaire d'une entreprise de commerce de produits chimiques, relativement à l'attentat à la voiture piégée d'Oslo. Une perquisition a été effectuée dans l'un de ses entrepôts de Wroclaw, dans le sud-ouest du pays.
« D'après nos experts, les produits achetés en Pologne n'ont pas été cruciaux pour la fabrication de la bombe (d'Oslo) », a déclaré le chef adjoint de l'agence ABW, Pawel Bialek.
Plus tôt en matinée, la police polonaise avait interrogé le propriétaire d'une entreprise de commerce de produits chimiques, relativement à l'attentat à la voiture piégée d'Oslo. Une perquisition a été effectuée dans l'un de ses entrepôts de Wroclaw, dans le sud-ouest du pays.
« D'après nos experts, les produits achetés en Pologne n'ont pas été cruciaux pour la fabrication de la bombe (d'Oslo) », a déclaré le chef adjoint de l'agence ABW, Pawel Bialek.
Photo: AFP/JONATHAN NACKSTRAND
Hommage aux victimes déposé sur la rive face à l'île d'Utoeya, site du massacre
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Une minute de silence en hommage aux victimes
La Norvège, ainsi que tous les pays scandinaves voisins, ont observé une minute de silence lundi matin à 10 h GMT (6 h HAE) à la mémoire des 93 victimes du double attentat de vendredi.
Le premier ministre norvégien et le couple royal se sont rendus à l'Université d'Oslo pour l'occasion.
Le trafic ferroviaire a été interrompu pendant une minute dans l'ensemble de la Norvège, a indiqué un porte-parole de NSB, Erik Loedding. Les aéroports ont aussi effectué une pause au même moment. Tant les employés que les passagers ont été invités à se joindre au mouvement.
« En connexion avec cet hommage, des mesures ont aussi été prises pour limiter le trafic aérien à cette période », a indiqué la compagnie aérienne Avinor, par voie de communiqué.
La Bourse d'Oslo et la Commission européenne ont aussi participé à l'hommage.
Dimanche, la famille royale, le chef du gouvernement et de nombreux dignitaires ont assisté à une messe célébrée à la cathédrale d'Olso à la mémoire de ceux qui ont péri dans l'explosion et la fusillade.
Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters
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