Le procès du président égyptien déchu Hosni Moubarak doit s'ouvrir mercredi 3 août, au Caire. Grâce à la télévision, les Egyptiens devraient le suivremassivement. Mais la principale inconnue réside dans la présence ou non de l'ancien chef d'Etat, actuellement soigné et détenu à l'hôpital de Charm el-Cheikh.
L'ex-dictateur malade ? Les informations contradictoires sur l'état de santé de l'ancien président, âgé de 83 ans, laissent planer le doute sur sa présence à l'audience. Les manifestants soupçonnent l'armée, dont est issu l'ancien homme fort du Caire, d'agir en sous-main pour retarder l'échéance.
Moubarak n'est pas apparu en public depuis sa démission le 11 février, ni à sa résidence de Charm el-Cheikh, où il s'est d'abord rendu, ni à l'hôpital de cette ville, où il a été admis en avril à la suite d'un problème cardiaque. Selon son avocat, il souffre d'un cancer de l'estomac, un diagnostic non confirmé officiellement. Mi-juillet, Me Farid Al-Dib a assuré qu'il était tombé dans un "coma complet", une information aussitôt démentie par l'hôpital de Charm el-Cheikh, comme le rapportaitle site 25 Yanayer. D'autres sources l'ont décrit comme dépressif ou incapable demarcher, mais sans donner plus de précisions.
Fin juillet, l'état de santé de l'ancien raïs était qualifié de "stationnaire" par l'hôpital, où l'on admettait que ses facultés mentales allaient en se dégradant. Le ministre de la santé, Amr Hilmi, a déclaré à la presse que Moubarak était en "bonne santé" et en état d'être transféré dans la capitale égyptienne. Il a ajouté que son ministère était prêt à apporter tous les soins dont Moubarak pourrait avoir besoin afin d'assister à son procès.
Le suspense ne sera levé que mercredi, lorsque ses médecins diront si Moubarak peut se rendre au Caire.
- Une audience retransmise à la télévision
Ce transfert de l'ancien président dans la capitale est l'une des principales revendications des manifestants encore réunis place Tahrir avant le début du ramadan.
Pour des raisons de sécurité, le procès doit se tenir au sein de l'Académie de police, à Masr el-Gedida, dans le nord de la ville. Les autorités veulent éviter une cohue aux abords de la salle d'audience. Comme ce fut le cas pour les récents procès de proches de Moubarak, l'audience sera retransmise à la télévision. Seules les caméras de la télévision d'Etat seront cependant autorisées, a précisé le président du tribunal pénal du Caire, Ahmed Refaat, qui compte sur la diffusion des images "pour rassurer le peuple sur la [crédibilité] de la procédure". Le magistrat a aussi promis une procédure "rapide".
- Une tête d'affiche, dix coaccusés
Plusieurs hommes sont appelés à comparaître aux côtés de l'ancien raïs : son fils aîné Alaa, homme d'affaires discret, suspecté de malversations financières ; le cadet, Gamal, ex-banquier qui faisait figure de dauphin du régime ; l'ancien ministre de l'intérieur Habib Al-Adli et six de ses adjoints, officiers supérieurs de police ; enfin, l'homme d'affaires Hussein Salem, très proche des Moubarak. Arrêté en Espagne, après avoir d'abord fui à Dubaï, ce dernier sera jugé par contumace.
Les onze hommes sont accusés d'avoir volé des millions de dollars à l'Etat égyptien et d'avoir ordonné la répression qui a conduit à la mort de près de 850 personnes pendant les dix-huit jours de révolte qui ont fait chuter le régime. Ceux d'entre eux qui seront reconnus coupables d'homicides avec préméditation risqueront la peine de mort.
- Des procès en série
La chute du régime de Hosni Moubarak a déjà donné lieu à plusieurs condamnations lourdes de ses principaux dignitaires.
L'ex-ministre des finances Youssef Boutros Ghali a été condamné par contumace à quarante ans de prison pour corruption, les 6 juin et 12 juillet. Recherché par Interpol, il a également écopé de plusieurs amendes, dont le montant total s'élève à plus de 31 millions d'euros. L'ancien ministre de l'intérieur Habib Al-Adli, dont le procès pour meurtre doit également se tenir ce mercredi, a pour sa part été condamné à douze ans de prison pour corruption. Il doit s'acquitter de plus de 23 millions d'euros d'amendes.
L'ancien premier ministre lui-même, Ahmed Nazif, a écopé le 12 juillet d'un an de prison avec sursis pour corruption et d'une amende de 11 millions d'euros. Lundi 25 juillet, il a été de nouveau inculpé et placé en détention pour quinze jours, au terme d'une audition par le parquet militaire. C'était alors la première fois qu'un haut représentant du régime de Moubarak était entendu par un tribunal non civil. Une dizaine de jours auparavant, l'armée avait promis de limiter les recours à ce type d'instances, accédant à une revendication des manifestants, qui souhaitent une transparence totale dans les procédures.
Des dizaines d'autres ministres, responsables et hommes d'affaires associés à l'ancien régime, sont actuellement derrière les barreaux dans l'attente de leur procès.
Le Monde.fr (avec AFP et Reuters)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire