1- Le Produit Intérieur Brut 2009/2011 (PIB)
Toujours selon les institutions internationales, le produit inférieur brut l’Algérie arrive est de 158,97 milliards en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 avec une prévision de 188,6 milliards de dollars en 2012. Or, il y a lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l’état brut et semi brut, les 2.3 % hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 années pour un montant dérisoire entre 900 millions de dollars et 1,5 milliards de dollars. Ces 2/3% sont constitués en majorité de produits semi finis issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C’est que plus de 90% du tissu économique est constitué de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale.
Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu’il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Ce qui nous renvoie à la valeur de la monnaie algérienne. Mais fait important, le PIB peut voiler d’importantes disparités et l’indice du développement humain combinant 1/3 du taux de croissance, 1/3 le système éducatif et 1/3 le système de santé élaboré par le PNUD est beaucoup plus fiable. Cela explique les erreurs d’appréciation des indicateurs globaux de la banque mondiale et du FMI vis-à-vis de certains pays arabes qui ont connu le printemps démocratique où ces institutions ont omis d’analyser tant le déséquilibre spatial que la concentration des revenus socio professionnelles au profit d’une minorité ans compter els fuites de capitaux hors des frontières de certains dirigeants.
L’organisme onusien le PNUD a essayé d’introduire certains indicateurs omis par le passé dans son rapport du 02 novembre 2011intitulé « durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous », résultats des enquêtes sur l’année 2010. C’est ainsi qu’elle classe l’Algérie à la 96 ème place sur 187 pays, soit un recul de 12 places par rapport à 2010. Cependant ce classement rentre dans la catégorie développement humain moyen, l’Algérie étant mieux classé que certains pays dits pays émergent comme la Chine.
2-Population algérienne, taux de chômage et taux d’inflation
La population était de 35,6 millions d’habitants au 1er janvier 2010 et l’Office des statistiques ((ONS) l’estime à 36,3 millions d’habitants au 1er janvier 2011. Concernant la structure de la population, la répartition par âge fait ressortir que la population âgée de moins de 15 ans constitue 28,2% de la population totale et celle de moins de 5 ans, 10%, ce qui témoigne de l’augmentation récente de la natalité.
La population active devrait dépasser les dix ( 10) millions et la demande d’emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d’ailleurs sous estimé puisque le calcul de l’ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d’activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse. Pourtant le taux de chômage officiel est estimé à 10% entre 2010/2011 contre 11,3% en 2008 mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six (6) mois, pour partie des emplois improductifs. Or, le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Dans son rapport d’octobre 2011, le FMI note que l’Algérie doit faire plus pour diversifier son économie et sortir de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, notamment pour dynamiser l’emploi surtout parmi les jeunes dont le taux de chômage atteignait 21% en 2009.
Quant au taux d’inflation qui se répercute sur le pouvoir d’achat, pour le gouvernement algérien, le taux d’inflation a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009 , moins de 4% en 2010, et plus de 4,5% en 2011. Or, selon un document relatif à une étude sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, du centre de recherche américain, Casey Research en date du 6 mars 2008, le taux d’inflation en Algérie serait 12 % pour l’année 2008, contre une moyenne de 7/8% au niveau de la région Mena. Le taux d’inflation officiel est biaisé, étant comprimé artificiellement par les subventions et reposant sur un indice largement dépassé, alors que le besoin est historiquement daté. Un agrégat global comme le revenu national par tête d’habitant peut voiler d’importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente devrait lier le processus d’accumulation la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 20.000 dinars, (200 euros au cours officiel) la dernière augmentation ayant lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d’inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d’achat.
Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (200 euros par mois, soit 6,6 euros par jour alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui atteindront plus de 1.200 milliards DA en 2011, soit 18% du budget général de l’Etat et plus de 10% du PIB (taux identique entre 2009/2010) jouent temporairement comme tampon social.
3- Faiblesse de l’investissement productif
Les entreprises algériennes d’une manière générale ne peuvent être compétitives et encore moins innovantes du simple fait qu’elles disposent d’un faible savoir à la fois technologique et managériale. Cela explique selon les données du 7 novembre 2011 du Ministère du travail, 50.000 travailleurs étrangers exerçant en Algérie , répartis dans le BTPH pour 53% et 43% dans l’industrie, représentant 1,05% du nombre de travailleurs salariés dans le secteur économique national ( hormis le travail informel ) la Chine ayant 43%, suivi des Egyptiens 8%.
Le dépérissement du tissu industriel représentant moins de 5% dans le PIB trouvent son explication surtout dans les contraintes d’environnement qui touchent tant les entreprises algériennes qu’étrangères souvent mis en relief dans les rapports internationaux de 2008/2011. L’entrave aux affaires en Algérie est due surtout à l’accès aux financements, la bureaucratie d’Etat, la corruption, l’inadéquation de la main-d’œuvre formée, la politique du travail considérée comme restrictive ainsi que le système fiscal et l’environnement dont la qualité de la vie. Combinée à l’instabilité juridique et à cet environnement des affaires contraignant dont la bureaucratie qui freine l’investissement à plu de 50%, renvoyant au mode de gouvernance, il en écoule que le bilan de l’investissement, en dehors des hydrocarbures et le commerce tant local qu’étranger est mitigé surtout pour l’investissement productif. Selon les chiffres communiqués par l’Agence de développement des investissements, ANDI, fin 2010, les déclarations d’investissement local, en termes de projets et non de réalisation, sont passées de 11.000 projets en 2007, à 17.000 en 2008, pour atteindre le chiffre symbolique de 20.000 en 2009 mais avec 1% seulement d’IDE.
De ces projets, les chiffres avancés par l’ANDI, indiquent que ce sont les projets locaux qui sont dominants avec 99% des déclarations de projets. Pour ce qui est de la répartition des projets par secteur, c’est celui des transports qui attire le plus d’investissements depuis 2009 avec 60% en majorité des micro- projets, suivi par le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (16 %), du secteur de l’industrie (10 %), celui de l’agriculture (2 %). D’une manière générale les investissements directs étrangers significatifs réalisés restent insignifiants en dehors des hydrocarbures, des banques et des télécommunications.
4- Dominance de la sphère informelle
La sphère informelle en Algérie visible également dans l’ensemble des pays du Maghreb/Afrique, contrôle plus de 65% des segments de produits de première nécessité auxquels plus de 70% des ménages consacrent presque l’intégralité de leurs revenus (marché fruits et légumes, poisson, viande rouge et blanche , textile et cuir ) et plus de 40% de la masse monétaire globale en circulation. La masse monétaire a été évaluée dans le dernier rapport de la banque d’Algérie à 2.439 milliards de dinars fin 2010 donnant ainsi 33, 87 milliards de dollars, la sphère informelle contrôlant 13,55 milliards de dollars limitant la politique monétaire de la banque centrale avec une importante intermédiation financière informelle mais avec des taux d’usure.
L’importance de cette masse monétaire captée, favorise une concentration du revenu au niveau de cette sphère avec des tendances monopolistiques et souvent oligopolistiques (quelques offreurs pour une multitude de demandeurs) et alimente la demande au niveau du marché de la devise parallèle où la distorsion actuelle depuis plus d’une année est de plus de 40% par rapport à la cotation, officielle (plus de 14 dinars algérien un euro).Cette sphère contrôle plus de 65% du marché biens de consommation : fruits et légumes, poisson , viande rouge et blanche et textile/cuir pour ce dernier segment à travers des importations souvent sans contrôle. Cette sphère est le produit de la bureaucratie, des dysfonctionnements des appareils d e l’Etat assistant à un dualisme dans l’économie. Cela n’est pas le produit du hasard. Lorsqu’un Etat veut imposer à une société des règles qui ne correspondent pas à l’état de la société, cette dernière enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner, les relations étant établies sur un registre de confiance entre les co- contractants. Comme on ne saurait isoler les relations dialectiques entre la sphère régie par le droit de l’Etat et la sphère informelle qui a ses propres codes, existant en Algérie des liens diffus entre la logique rentière et l’extension de la sphère informelle. Cela favorise la dépréciation du dinar et l’évasion fiscale
Quelle leçon tirer ce bilan économique ? La non proportionnalité entre les impacts économiques et les dépenses monétaires et la déconnection de la sphère financière par rapport à la sphère réelle.Car, la vrai richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. Or, les banques actuellement accompagnent peu les projets d’investissement à maturation lente, comme n’existe pas de véritable bourse des valeurs. Ni Sonatrach, ni Sonelgaz et ni une grande entreprise privée comme Cevital n’étant cotée en bourse. La société privée Alliance Assurance a été une exception. Cette déconnection de la sphère financière de la sphère réelle trouve son explication dans le fait que la richesse en Algérie à ne pas confondre avec l’ accumulation du capital productif , puise sa source dans la relation du triptyque: stock physique (stock ressources naturelles d’hydrocarbures) – stock monétaire (transformation: richesse monétaire) – répartition (modalités et mécanismes de répartition: investissement-consommation-fonds de régulation). La société des hydrocarbures transforme un stock physique en stock monétaire.
On peut considérer que les conduits d’irrigation, les banques commerciales et d’investissement, opèrent non plus à partir d’une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail, mais par les avances récurrentes (tirage: réescompte) auprès de la Banque d’Algérie pour les entreprise publiques qui sont ensuite refinancées par le Trésor public en la forme d’assainissement : rachat des engagements financiers des EPE auprès de la Banque d’Algérie, plus de 50 milliards de dollars d’assainissement des entreprises publiques entre 1991/201 , alors que plus de 70% de ces entreprises sont revenues à la case de départ de quoi créer tout un nouveau tissu productif s’insérant dans le cadre des valeurs internationales. Les erreurs de management quotidien sont couvertes grâce au transfert financier qui transite par le système financier et qui irrigue le système économique. Si on observe la ligne du temps, c’est-à-dire les dates qui consacrent les moments de stagnation puis de régression ensuite, parfois, des avancées des réformes, on remarque qu’il y a une corrélation étroite entre : plus le prix du pétrole est bas plus il y a émergence de potentiel de développement en ressources matérielles et ressources humaines. En revanche, plus le prix du pétrole s’accroît plus le potentiel de développement décélère, stagne et tend au final à régresser si le renchérissement du prix du baril de pétrole perdure.
A suivre…
Dossier élaboré par des Experts de l’Association Algérienne de Développement de l’Economie de Marché –ADEM
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