dimanche 19 février 2012

Le Bilan des 50 ans de l’économie algérienne. Partie 4 : Interrogations sur les réserves d’hydrocarbures et inquiétudes de l’Europe



L’Europe s’inquiète récemment  de la capacité de l’Algérie à honorer ses engagements internationaux en termes d’approvisionnent de gaz face aux événements en Tunisie  et  Lybie  (baisse des  exportations à travers le Transmed bien avant les   sabotages récents  du gazoduc en Tunisie ), de l’importante  consommation intérieure algérienne  et du gaz non conventionnels qui bouleversera  profondément durant les  années à venir le paysage énergétique mondial.  Cette inquiétude est-elle  justifiée ?  Je précise  que l’ Algérie détient 2,37% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, contre pour le pétrole,  1% selon certaines statistiques  de janvier 2011 12 milliards de barils selon la revue financière Gasoil , tenant compte de l’entrée de nouveaux pays pétroliers ,  1,5 % selon d’autres sources  grâce aux techniques de récupération,  ayant pompé ente 1962  et  2006 plus  de  15 milliards de barils soit plus que les  réserves actuelles,  mais  récemment  avec des couts supérieurs à la moyenne  des grands pays  pétroliers.

Pour le gaz, elle se classe  à la dixième position avec des réserves mondiales. Elle est bien loin de la Russie, classée première, qui détient, e pas moins de 25,02% soit 47570 milliards de mètres cubes des réserves mondiales, l’Iran, (15%)  le Qatar (10%),  le Turkménistan, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, les Emirats Arabes Unis, le Nigeria et le Venezuela.  Les réserves de gaz naturel qui étaient de 3300 milliards de mètres cubes à la fin de l’année 1990 ont connu une hausse importante dès le début de la décennie 1990 avec les grandes découvertes faites parallèlement à celles du pétrole. Depuis le début de la décennie 2000, elles ont été consolidées toujours  selon la revue internationale  Gasoil  à 4500 milliards de mètres cubes au 01 janvier 2010  malgré les volumes énormes qui ont été consommées sur le marché national et les volumes exportés depuis 1970. L’Algérie fournit  à l’Europe 25/30% de ses besoins en gaz naturel, ce qui représente 70% des exportations algériennes, étant  le troisième fournisseur de gaz de l’Europe après la Russie et la Norvège. Et ce  à travers tant les  GNL que Medgaz  et Transmed. Les principaux pays importateurs sont l’Italie  l’Espagne et la France.
A titre de rappel, Medgaz est le troisième gazoduc algérien qui livre le gaz à l’Europe, avec le GME (gazoduc Maghreb-Europe qui transite par le Maroc et le détroit de Gibraltar). Medgaz compte comme actionnaires Sonatrach, majoritaire avec 36%, les espagnoles Cepsa Iberdrola Endesa et Gaz de France. Ces derniers ont signé des contrats d’achat de gaz avec Sonatrach pour un volume total de 5 milliards de mètres cubes annuellement. Sonatrach, au titre de sa quote-part, devra commercialiser 3 milliards de mètres cubes annuellement sur le marché espagnol via Medgaz à travers sa société implantée dans ce pays. On estime à 2 milliards de dollars annuellement les revenus en devises tirés par l’Algérie de Medgaz dans une première phase pour un volume d’exportation de 8 milliards m3 par an  contre  un coût de 28 milliards de DA en monnaie locale et 148 millions d’euros en devises. Et bien entendu ce montant concerne le chiffre d’affaire et non le profit net  de Sonatrach après retrait des charges et si   le prix de cession reste au même niveau des négociations de départ, soit  10 dollars  le MBTU ce qui n’est pas évident  dépendant de la durée de la bulle gazière et de la concurrence surtout de  la Russie et le Qatar alimentant pour une fraction  de leur production le marché spot sans préjuger avec l’embargo  le cas de l’Iran. Un bas prix met  en danger la rentabilité financière  de ce projet au même titre que celui bien plus important du réseau Trans-méditerranéen (Transmed d’une capacité  d’environ 30,2  milliards de mètres cubes (mmc) de gaz naturel par an, étant prévu d’étendre cette capacité à33,5  milliards de mètres cubes de gaz naturel par an d’ici à 2012  aussi connu sous gazoduc Enrico Mattei) est un pipeline de gaz naturel qui relie l’Algérie via la Tunisie à la Sicile et de là vers  l’Italie. La section algérienne est exploitée par l’Algérie et appartient à la société étatique Sonatrach,  la section tunisienne est la propriété de Sotugat (Société Tunisienne du Gazoduc Trans-tunisien) et exploité par Sergaz,  la section à travers le canal de Sicile est exploité par TMPC, une joint-venture d’ Eni et Sonatrach et   la section italienne est exploitée par Eni, filiale Snam Rete Gas. Son  extension  à travers le  projet GALSI, d’une longueur de près de 900 km, dont 600 km offshore,  doit acheminer le gaz naturel du gisement de gaz d’Hassi R’mel en Algérie vers l’Italie du Nord après avoir traversé la Sardaigne.   Les études détaillées du tracé se sont achevées à l’été 2008. Le coût de cet investissement additionnel  pour ce du projet est estimé à 3 milliards d’euros  mais est toujours en gestation, les élus de  la Sardaigne s’opposant au tracé initial pour des raisons d’environnement. Les élus Corse y sont pourtant favorables à travers le  projet Cyrénée aurait  pour objectif d’alimenter la Corse en gaz naturel, à partir du projet de Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie (GALSI), une canalisation de transport de gaz naturel reliant l’Algérie et la Toscane en Italie, en passant par la Sardaigne.
L’alimentation de la Corse via ce raccordement représenterait une part marginale du volume global de gaz naturel transporté par le GALSI: environ 5 % du volume de gaz serait prélevé à terme pour l’approvisionnement de l’île pour l’alimentation des deux futures centrales et des agglomérations d’Ajaccio et de Bastia.Encore que sepose la concurrence  russe à travers les projets Northstream (55 milliards de mètres cubes gazeux) et surtout SouthStream (65 milliards de mètres cubes gazeux )devant également approvisionner l’Italie. Comme se pose   le problème de la rentabilité du projet NIGAL. Suite  au  mémorandum d’entente signé, en janvier 2002, entre Sonatrach et la Nigerian National Petroleum Company (NNPC), réunis à Abuja au Nigeria, les ministres du pétrole et de l’énergie d’Algérie, du Niger et du Nigeria avait signé 3 juillet 2009 un accord pour construire un gazoduc  baptisé Trans Saharan Gas Pipeline (TSGP),de 4 128 kilomètres (dont 2310km pour le territoire algérien) qui devrait servir à alimenter l’Europe en gaz puisé dans le delta du Niger au sud du Nigeria.
Avec un coût prévu initialement à 5/6 milliards de dollars puis reporté à  10 milliards de dollars  en 2009 il  aurait dépassé actuellement les 13/15 milliards de dollars. Ce projet financé  pour partie par l’Europe  avec la crise d’endettement et le bas prix du gaz est-il rentable  sans compter  les conflits tribaux  dont le  du Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger, à l’origine d’importantes interruptions au sein de l’industrie pétrolière. D’une manière générale, au moment où l’Europe tente de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis du gaz russe, l’Algérie envisage d’augmenter ses exportations de gaz à 85 milliards de m3 à l’horizon 2015, certaines prévisions du Ministère  de l’Energie  donnant  plus de 100 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2020. Est ce que cela sera réalisable ?  L’Union européenne et l’Algérie doivent établir un mémorandum ou protocole d’accord qui fixe les principes communs qui doivent régir cette coopération énergétique sur un prix juste qui ne pénalise ni les  investissements algériens ni les consommateurs européens.
Quelle est la situation actuelle des réserves  de  gaz en Algérie ? 
En dépit  d’un redressement de situation en 2010 – 55,28 milliards de mètres cubes de gaz naturel exportés contre 52,67 milliards de mètres cubes en 2009, l’Algérie peine toujours à maintenir le niveau des volumes exportés au-dessus de 60 milliards de mètres cubes, un seuil qui était bien conservé entre 2001 et 2008. La production à un rythme  rapide des gaz non conventionnels aux USA et en Europe explique  en  partie cette situation alors que l’Algérie tablait sur des exportations de l’ordre de 85 milliards de mètres cubes pour 2011/2012, ce qui devient une impossibilité du moins pour cette échéance. Le temps étant de l’argent l’Algérie ne risque t- elle  pas de perdre des parts de marché  au profit d’autres concurrents ? Par ailleurs, le prix du gaz non conventionnel, encore  qu’existe  un problème de la dégradation  de l’environnement, grâce la  technique du forage horizontal  est actuellement  de 4/5 dollars donnant les USA exportateur de gaz horizon 2020, pouvant freiner l’importation de gaz algérien  pour ne pas dire l’annuler où Sonatrach devait approvisionner la cote Est des USA. Selon les  statistiques internationales, le gaz non conventionnel devrait  représenter environ 25% de la production mondiale en 2020. Concernant l’approvisionnement de l’Europe, et cela n’est pas propre à Sonatrach mais également  pour le géant russe Gazprom,  il faudra   de tenir compte  de la donne polonaise membre de l’Europe  des  27  qui pourrait bouleverser,  la  donne énergétique  européenne.
D’ après l’Agence américaine de l’énergie ( rapport 2010)  la Pologne  aurait  une réserve de quelque 5300 milliards de mètres cubes de gaz de schiste dans ses sous-sols d’une valeur de 1380 milliards d’euros Est ce que la bulle gazière   s’arrêtera horizon 2015 ou au -delà lorsque les contrats à moyen terme de l’Algérie arriveront à expiration ce qui influencera  le niveau d’entrée en devises du fait que le gaz représente plus de 40% des entrées en devises. Et donc un  sérieux problème de financement au delà de 2014 si l’on maintient le rythme de la dépense publique ou le déficit budgétaire déjà élevé dans la loi de finances 2011 (33,9% du PIB) dépassera  les 40% selon la loi de finances prévisionnelle 2012 ? Comme se pose le problème  si ce prix  bas du gaz non conventionnel sur le marché libre   est tenable à terme, devant fluctuer pour une extension  de  l’investissement dans ce segment  selon les  experts  entre  8 ou 9 dollars ? Selon le dernier  rapport du FMI (2011),  il y aurait  eu pour l’Algérie  baisse de 10% des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2010, arrêt depuis la même année des exportations de GNL vers les Etats-Unis et la Belgique (10% des volumes totaux).
Le gazoduc Medgaz, opérationnel depuis le début de l’année en cours, ne pourra compenser de sitôt les pertes sur le marché américain compte tenu des craintes qui pèsent sur la reprise des européennes et notamment les économies espagnole et italienne. Le risque face  à la déconnection du prix du gaz par rapport à celui du pétrole qui connait un cours relativement élevé, pour couvrir la dépense  publique  est que l’Algérie accélère l’épuisement de ses réserves   de pétrole. Dans la Revue statistique sur l’énergie dans le monde daté de juin 2004 de British Petroleum, le groupe anglo-américain réputé pour ses analyses et ses données chiffrées sur le secteur indique que la durée de vie des réserves pétrolières de l’Algérie  serait  de 16 /18ans. De façon plus précise, pour cette revue, les réserves prouvées de brut du pays auraient été   en 2004, de 11,3 milliards de barils, soit environ 1, 6 milliard de tonnes, représentent 1% des réserves mondiales. L’Algérie ayant  produit en 2004 pour 1,8 million de barils/ jour de liquides,  rapportée au niveau d’extraction du pays, la durée des réserves  serait  selon cette source  de 16 ans, donc restant  à la date  de  2011  environ 10 ans.  Cela pose un vrai problème :    entre-temps, y a t-il   eu de découvertes significatives ou de réévaluations à la hausse des accumulations de brut dans les gisements? Dans le cas contraire   l’Algérie sera un importateur net de pétrole à partir de 2020.
Concernant le gaz, du fait du bas prix de cession  au niveau du marché  intérieur, et du programme du gouvernement  d’aller vers plus de 90% d’utilisation du gaz dans les foyers, et des projets  prévus  dont pour ne citer que quelques unes , l’ Ammoniac Orascom avec des besoins de 1,645 milliard de m3/an, Ammoniac SBGH  avec 0,8 milliard de m3/an, la raffinerie de Tiaret  qui a été récemment différé (0,960 milliard de m3/an) et la réhabilitation de la raffinerie d’Alger  selon le rapport de la CREG, hypothèse forte excluant l’abandon  des projets programmés par le Ministère de l’énergie  ,  la demande globale intérieure  en gaz  horizon  atteindra 62,96 milliards de m3, soit un rythme d’évolution annuel moyen de 11,3% entre 2008 et 2013 et de 6,7% entre 2013 et 2018.  Pour l’hypothèse moyenne cela approche 50 milliards de mètres cubes gazeux. La crainte pèse sur la capacité de l’Algérie à honorer ses engagements gaziers envers l’étranger en raison de l’augmentation de sa consommation interne d’ici à 2018. Les économies  d’énergie supposant  une  politique des prix plus rationnelle et le  développement de sources alternatives d’énergie (le solaire) pour les besoins du marché national  permettrait d’alléger la pression de la demande sur l’offre de gaz  et donc pour l’Algérie d’honorer ses engagements internationaux.
Concernant le calcul de la durée de vie des réserves de gaz, il y a lieu de préciser que pour l’Algérie,  fonction du cout de Sonatrach qui  est un sujet tabou alors qu’il est  déterminant pour déterminer   sa rentabilité réelle, selon mes calculs, la rentabilité des installations de Medgaz et Galsi  nécessite  un  prix de cession entre 9/10 dollars  et pour le  GNL 14/15 dollars. Le calcul  des réserves et quelque soit le pays  est fonction  de l’évolution   de la concurrence des énergies substituables , du cout et du prix international  et non  de découvertes de gisements  physiques  qui peuvent être non  rentables. Ne pouvant pas compresser  la demande intérieure en deçà de 50 milliards de mètres cubes gazeux  entre 2011/2020,  au risque de freiner  le développement, compte tenu compte des exportations  prévues et de la consommation intérieure (scénario  moyen du CREG) , plus 85 milliards de mètres cubes d’exportation  soit une production totale de 135 milliards de mètres cubes gazeux  et presque 150 pour  l’hypothèse  forte du CREG , 10/15%  des gisements marginaux selon les experts gaziers  étant à soustraire  car non rentables. En cas  de l’hypothèse d’un prix moyen  de 14/15 dollar le MBTU pour le GNL  s’accroissant ou baissant  proportionnément selon le prix du gaz par canalisation( GN) , et  selon les scénarios variables  pour la cession du prix  du gaz  par canalisation  nous aurons  les prévisions suivantes : :
-prix du gaz 9/10 dollars  le million de BTU par  canalisation :   25 années de réserves ;
-prix du gaz   4/5 dollars : entre 15/16 ans de durée de vie des réserves ;
-en cas d’un prix supérieur à 15 dollars : la durée serait supérieure à 30 ans, les gisements marginaux devenant  alors rentables. 
La durée de vie des réserves sera moins longue si les prévisions du Ministère de l’Energie d’exporter plus de 100 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2020 se réalisent et si la consommation intérieure est plus importante que prévue du fait du bas prix de cession du gaz.  Il est entendu que  la demande extérieure  des hydrocarbures pour l’Algérie  d’une manière générale sera fonction  d’une reprise  ou pas   de l’économie  mondiale et de l’évolution du cours du dollar. Rappelons la chute  des cours en 1986 avec toutes les ondes de chocs politiques, économiques et sociales entre 1988/1994(rééchelonnement)   et de près de  45%des recettes  en devises de Sonatrach après la  crise de 2008/2009.Cependant, il  faut éviter la sinistrose,  25 ans  étant la moyenne maximale  et c’est déjà appréciable  tout en étant conscient,   à moins d’un miracle,  l’Algérie n’ayant pas  découvert de gisements  substantiels de gaz  entre 2000/2011 mais des gisements marginaux ce qui se pose le problème du cout élevé de l’extraction. Selon le gouvernement, la production de gaz naturel de l’Algérie, qui a connu en 2010 un recul de 2,4 % par rapport à 2009, devrait croître nettement d’ici 2014 avec l’entrée en production de nouveaux gisements gaziers.  Ces exportations peuvent être renforcées par la mise en production de nouveaux gisements qui devraient renforcer les capacités de production de gaz naturel de près de 25 milliards de mètres cubes d’ici 2014 ce qui nous donnerait 80 milliards de mètres cubes gazeux pour 2014.
Loi de finances complémentaire 2009 un nouveau cadre d’investissement régissant les étrangers ?
En effet, les lois de finances complémentaires 2009/2010 ont profondément modifié  le cadre juridique  régissant l’investissement surtout étranger. Nous ne parlerons pas  du secteur agricole  dans la mesure où la nouvelle loi foncière de 2010 exclut tout étranger. Pour les autres secteurs, pour  toute soumission,  la préférence nationale a été portée  de 15 à 25% selon le  nouveau code des marchés   signifiant que même si le cout est  25% plus cher pur la réalisation de tout projet, la priorité  sera donnée  à l’entreprise algérienne. Pour le commerce,  la loi de finances complémentaire 2009 prévoit 30% au maximum pour les étrangers et 70% pour les nationaux. Concernant l’encadrement de l’investissement étranger dans les services, BTPH  et  industries y compris les hydrocarbures le privé étranger doit avoir au maximum 49% et le local 51%  Par ailleurs,  l’Etat algérien a introduit des changements  entendant  faire prévaloir le droit de  préemption et  que «toute transaction qui ne respecte pas les dispositions légales ne sera pas avalisée par les pouvoirs publics et sera déclarée nulle et sans effet ».
L’Etat algérien se réfère à   l’article 62 de la loi de finances complémentaire de 2009 qui stipule que «l’Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d’un droit de préemption sur toutes les cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit d’actionnaires étrangers». Le  texte législatif stipule que l’effet rétroactif de la règle 51% et de 49% est susceptible d’être généralisé pour les opérateurs étrangers ayant investi en Algérie avant 2009 qui pratiquent  l’extension. En vertu des dispositions de la loi de finances complémentaire 2010, toute augmentation ou modification de la structure de capital, et tout accroissement du nombre d’actionnaires de la part des entreprises étrangères détenant plus de 51 % des actions, seront contraintes de recevoir un ou plusieurs actionnaires des entreprises nationales à raison de 51% du capital.  D’autres dispositions sont également prévues comme l’introduction  dans les cahiers des charges des appels d’offres internationaux d’un engagement de l’entreprise étrangère soumissionnaire, que  pour obtenir des contrats publics, les groupes étrangers devront dans l’avenir s’engager à investir en Algérie dans le cadre d’un partenariat avec une entreprise locale.
Les cahiers des charges des appels d’offres internationaux  doivent   prévoir l’obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d’investir dans le cadre d’un partenariat, dans le même domaine d’activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents , à ne pas pratiquer la corruption et  à  se conformer aux lois algériennes en vigueur. La vente des participations des étrangers dans les sociétés algériennes rentrant dans le cade du droit de préemption  au profit  de l’Etat, introduit dans la loi de finances complémentaire 2009,  la  cession de participations détenues par des étrangers ou au profit d’étrangers en Algérie sera subordonnée à la délivrance d’une attestation  authentifiée par le notaire. En cas de délivrance de l’attestation, l’Etat conserve  le droit d’exercice du droit de préemption tel que prévu par le code d’enregistrement en cas d’insuffisance du prix . Comme il ya lieu de signaler qu’en cas de cession  se pose le problème de l’application des dispositions de la loi de finances  2009 qui stipule  un taux d’imposition  à 20% du taux de l’IRG applicable  aux plus values de cession de la partie étrangère (article 47 Loi de finances 2009), ainsi   qu’un contrôle plus rigoureux des transferts de capitaux à travers la nouvelle réglementation des changes.
Lors du Conseil des Ministres du 25 aout 2010, ces mesures ont été étendues aux banques étrangères complétant l’ordonnance n° 03-11 du 26 Août 2003, relative à la monnaie et au crédit.  Il s’agit en  premier lieu  de mettre à jour les missions de la Banque d’Algérie par rapport aux progrès découlant de la modernisation du système financier, en la chargeant de veiller à l’efficacité des systèmes de paiements et d’émettre les règles les régissant, et en la mandatant pour garantir la sécurité des moyens de paiements autre que la monnaie fiduciaire . En second lieurenforcer la sécurité et la solidité du système bancaire, par un suivi plus rapproché des banques y compris privées, pour s’assurer de la sauvegarde des intérêts de leur clientèle, et de la préservation de la stabilité monétaire et financière du pays. A ce titre, la Banque d’Algérie est habilitée notamment à demander aux banques et établissements financiers, toute information requise pour l’établissement de la balance des paiements du pays et de sa position financière, cela concernant particulièrement les mouvements de capitaux réalisés vers l’extérieur  et à  limiter les opérations réalisées par les banques et établissements financiers. En troisième lieu, les nouvelles dispositions prévoient d’intensifier la lutte contre toute fraude ou malversation dans les opérations réalisées par les banques et établissements financiers étrangers, notamment en  ajoutant le délit de corruption aux motifs de prohibition de l’exercice de la fonction bancaire , mandatant   l’Institution monétaire à promulguer des règles de bonne conduite et de déontologie applicables aux banques et établissements financiers.
En vue de renforcer la transparence dans les activités bancaires, l’Etat détiendra une action spécifique dans le capital des banques et établissements financiers à capitaux privés, grâce à laquelle il sera représenté dans leurs organes sociaux sans droit de vote.  En quatrième lieu, il y a confirmation de  l’application aux banques et établissements financiers de la législation nationale en matière d’investissements étrangers. Ainsi, il est prévu que   toute   future  ouverture  de  banque  ou  d’établissement  financier  par  un investisseur étranger sera conditionnée par la détention de 51% du capital par des actionnaires nationaux et  en cas de cession d’une banque ou d’un établissement financier dont le capital est étranger, l’Etat jouit d’un droit de préemption ; enfin  toute cession d’actions d’une banque ou d’un établissement  financier devra  être  préalablement  autorisée  par  la  Banque d’Algérie. Par ailleurs, certainement suite au rapport de la banque d’Algérie ( 2009),  le taux de profitabilité des banques étrangères  ayant    été  d’environ 28%   pour l’année 2008 (récupération du capital avancé   d’environ trois années )  encore que ce taux a été ramené  2009 à  une moyenne  de 24% alors que pour le cas de l’Europe,  le taux de profitabilité  bancaire est d’environ 12% ( ce du moins avant la crise de l’endettement) et pour la Tunisie et le Maroc,  de 15% ,  les nouvelles dispositions contenues dans la loi  de  finances  complémentaire 2010 annoncent  que    hors  secteur des hydrocarbures,  des activités peuvent être soumises à une taxe forfaitaire   assise sur les marges exceptionnelles d’un taux qui varie de 30% à 80 , élargissant ainsi  les dispositions qui étaient appliquées au niveau  du secteur  des hydrocarbures après  l’amendement de la loi en 2006.
Si ces mesures permettent de relancer  l’outil de production, cela serait une bonne chose mais dans un environnement concurrentiel,  se renforcer sur soi étant  une utopie néfaste. L’ex ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements  en 2009 se proposait  de  créer « treize champions nationaux » implantés dans des secteurs aussi divers que la pétrochimie, la pharmacie, la sidérurgie ou le transport aérien, qui devaient  naître de la fusion de plusieurs entreprises d’un même secteur, publiques ou privées, y compris des PME. Or, pour faire face à la concurrence, on ne doit pas   oublier  que le facteur  déterminant est la demande  et non pas seulement l’offre vision mécanique de l’ancienne culture  bureaucratique. Afin  de  repositionner l’Algérie  dans le marché mondial,  l’on ne devrait  pas se limiter  seulement au simple  dispositif législatif. L’action concrète et surtout réaliste devrait concerner  l’élaboration de la stratégie des filières,  déterminer les filiales, les moyens et les instruments pour ces filiales, le rôle de l’Etat, du secteur public, privé, les services publics et faire des efforts dans la formation et la  recherche développement. Or, le document portant stratégie industrielle  n’a pas donné de calendrier précis pour le lancement de ces nouveaux fleurons ni précisé les moyens dont ils disposeront.
Par ailleurs, si la mesure de taxation des surprofits , en principe, est  possible   au niveau des  hydrocarbures à l état brut et semi brut , non pas pour les produits finis, cela est rendu plus difficile, voire impossible ,  pour les  autres secteurs  dont le taux de profit est très fluctuant  au niveau du marché  international qui devrait être la référence. Aussi, le risque  avec la faiblesse  de la   régulation  et de la planification stratégique d’ensemble,  de  compétences  est d’aboutir à des actions  bureaucratiques et à des marchandages, facteur de corruption. En outre, les mesures de rachat par l’Etat algérien avec droit de préemption posent  problème   lorsqu’une  société est cotée en bourse et  qu’elle cède  non pas  la totalité mais  des ventes d’actions partiellement,  pratique  quotidienne  au niveau des bourses mondiales où s’échangent chaque jour des centaines de milliards de dollars  (fusion et cession des grandes compagnies) , qui est d’ailleurs  le  principe fondamental du fonctionnement de l’économie mondiale. Bien que le segment télécommunication soit régi par une loi spécifique promulguée avant les lois de finances 2009/2010, le  conflit entre l’opérateur égyptien Orascom Télécom  et le gouvernement  algérien depuis plus de deux  années  en est la démonstration. En principe, une loi  est rarement rétroactive sauf si elle est plus avantageuse que l’ancienne, principe du droit international. Aussi convient-il   de se demander si ces mesures sont   opérantes?  Les  contraintes internationales sont toujours là : l’innovation interne  est faible ;  la plupart des entreprises publiques  et privées fonctionnent avec des inputs importés. C’est que  l’Algérie semble avoir du chemin à faire pour pénétrer dans les arcanes de cette nouvelle économie.
Dans  la pratique des affaires tant  locales  et surtout  internationales et les différentes réévaluations  des projets dans tous les secteurs  avec les partenaires  montrent clairement qu’il ne suffit pas  de signer un contrat  sans maturation   mais  de bien  suivre son cheminement, impliquant  un management stratégique et une moralité sans faille des négociateurs.
Le problème posé après toutes ces mesures est donc le suivant : l’Algérie est –elle caractérisée par une bonne gouvernance,  un bon management stratégique des entreprises  et une amélioration du climat des affaires ? Les entreprises locales profiteront –elles de cette situation  de rente pour pousser  à une meilleure intégration   et  combien d’entreprises publiques et privées locales ont –elles des laboratoires de recherche appliquée digne de ce nom y compris Sonatrach ?  Et cette innovation ne suppose t- elle  pas à un environnement assaini  et  un renversement des échelles de valeurs récompensant le travail et l’intelligence, loin de simples mesures monétaires et d’une distribution passive de la rente?  Certes,  tous  les pays protègent leur  production nationale grâce à l’Etat régulateur stratégique en économie de marché pouvant détenir   des minorités de blocage dans des segments stratégiques  à ne pas confondre avec le retour à l’Etat gestionnaire de l’ex économie soviétique  comme le montre les décisions récentes  de bon nombre de pays développés, mais d’une manière ciblée  et ne décourageant pas  l’acte d’investissement y compris étranger.
De plus en plus d’experts algériens préconisent  de lever ce voile juridique  49/51% de peu d’efficacité économique  et de mettre en place  un autre indicateur d’appréciation beaucoup plus significatif qui est celui  d’une balance technologique et  devises positives. Car en donnant une préférence de 25%     c’est accroitre le taux de profit local (rentes de situation) qui  se répercutera  dans le cout final  amoindrissant les avantages comparatifs pour l’exportation et pénalisant les consommateurs  locaux  avec la hausse   des prix.
A suivre…
Dossier élaboré  par des Experts de l’Association Algérienne  de Développement de l’Economie de Marché –ADEM

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