vendredi 2 mars 2012

Le FFS de Hocine Ait Ahmed ira aux législatives : Dix ans de boycott barakat!

Virage à 180 degrés. Le Front des Forces socialistes (FFS) de Hocine Ait Ahmed a annoncé vendredi 2 mars sa décision de participer aux élections législatives du 10 mai. La participation du FFS était attendue depuis que M.Ait Ahmed, réfugié en Suisse, a brusquement limogé en novembre 2011 Karim Tabbou. La participation du FFS apportera au pouvoir la caution démocratique qui maquait à ce scrutin.

Le Front des forces socialistes (FFS) participera aux élections législatives prévues le 10 mai 2012, a annoncé vendredi le premier secrétaire du parti M. Ali Laskri. « Le FFS a décidé de participer aux prochaines élections législatives », a-t-il déclaré à la presse.
La dernière participation du FFS à des élections législatives remonte à octobre 1997, largement remportée par le RND grâce à une fraude massive.

Le parti a par la suite boycotté les législatives de mai 2002 et mai 2007.
Nécessité tactique
Le président du FFS, Hocine Ait Ahmed, installé en Suisse depuis plusieurs décennies, est intervenu ce vendredi par vidéo devant le conseil national pour justifier cette décision.
La participation du FFS, parti d’opposition créé en 1963, a-t-il expliqué, « est une nécessité tactique pour le FFS et s’inscrit en droite ligne dans notre stratégie de construction pacifique de l’alternative démocratique à ce régime despotique, destructeur et corrompu ».
Le chef du FFS a donc tranché le dilemme qu’il évoquait récemment et apporté un petit supplément démocratique à ce scrutin menacé d’une très forte abstention.
Le dilemme d’Ait Ahmed
Dans un message adressé en février 2012 à ses militants, Hocine Ait Ahmed avait qualifié l’attitude de son parti à l’égard du scrutin de « dilemme ». Le boycott des législatives « ne constitue pas une alternative efficace à la participation », estimait-il en considérant que si le FFS décidait d’y participer, il ne pourrait pas assurer le « changement démocratique ».
Ce brusque revirement du FFS surprend alors que son ex-premier secrétaire national, Karim Tabbou, nommé en 2007 et dégommé le 18 novembre 2011, n’a eu de cesse de pilonner le pouvoir qu’il accusait de mener le pays à la dérive.
Tabbou le virulent viré
C’est que depuis sa désignation en avril 2007, Karim Tabbou, 37 ans, a installé le vieux parti dans une opposition radicale à l’égard du pouvoir désigné par le vocable «  système ». Ni le président, ni le gouvernement, ni les généraux, ni l’opposition n’ont trouvé grâce aux yeux de ce licencié en sciences économique au verbe tranchant, aussi à l’aise en arabe, en kabyle qu’en français.
En mai 2011, il qualifiait ainsi de bricolages les réformes politiques engagées par le président Bouteflika. « Aujourd’hui, professait M. Tabbou, on nous parle d’ouverture, mais on ferme toutes les portes, et ce qui est proposé est une démonstration que les décideurs n’ont aucune volonté de changement vers la démocratie ».
Faux députés
En juin, il accusait encore la mafia d’avoir pris le contrôle du pays en fabriquant de faux partis, de faux députés. « Le système a l’art d’organiser le désordre pour créer une confusion à tel point qu’il a donné une image d’une situation difficile à décrypter. Nous avons, entre autres, de faux députés et même de faux partis. La mafia est plus organisée que la société civile», disait-il.
Retour de la vieille garde
Cette position d’opposant virulent au pouvoir, voire même à l’égard de l’opposition, aura vécue en novembre 2011 avec l’éviction de Tabbou, la nomination d’Ali Laskri, jugé plus consensuel, moins radical. Elle aura également vécue avec le retour au bercail de la vieille garde (Samir Bouakouir, Dalila Taleb Ikhlef Bouaichi, Ahmed Djeddai, Djoudi Mammeri..) écartés du parti après avoir été aux commandes entre 1997 et 2002, époque où le FFS siégeait à l’Assemblée avec 20 députés.
Comment expliquer ce virage à 180 degrés ? Comment expliquer que le FFS apporte aujourd’hui la caution démocratique au pouvoir et aux réformes de Bouteflika alors qu’il les a accablées durant presque une année ?
Une si longue absence
Absent du parlement depuis dix ans, le FFS voudrait éventuellement renouer avec les institutions, après dix ans d’absence, en portant l’opposition à l’intérieur de l’Assemblée, plutôt qu’à l’extérieur.
Des cadres du parti souhaiteraient-ils s’assurer un statut de député avec les privilèges qui vont avec. Enfin, la décision de participer aurait été précédée d’un marchandage entre Hocine Ait Ahmed, et des responsables algériens à Alger et en  Suisse.
Des informations faisant état d’un voyage du vieux leader en Algérie en mai  2011, rapportées par le Soir d’Algérie, n’ont pas été démenties par le parti.
Virage donc à 180 degrés.

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