Après la nouvelle offensive des rebelles en direction de Bamako, François Hollande a confirmé ce vendredi l'engagement des forces armées françaises au Mali.
- Milice pro-gouvernementale à l'entraînement, en septembre 2012, à 600 km au nord-est de Bamako. REUTERS/Adama Diarra -
La détérioration de la situation dans le nord du Mali a placé François Hollande devant une décision qu’il aurait préféré ne pas avoir à prendre: faire intervenir des soldats françaispour aller à la rescousse d’un Etat africain défaillant.
Dans la suite de Nicolas Sarkozy, le président de la République a fait du Mali une priorité de sa politique étrangère.
Depuis l'Elysée vendredi en fin de journée, François Hollande a fait une courte intervention:
La diplomatie française s’est montrée très active à l’ONU pour obtenir le soutien du Conseil de sécurité à une intervention internationale au Mali. Mais il s’agissait d’un engagement indirect. La France et ses partenaires européens étaient prêts à participer à la formation de l’armée régulière malienne, en totale débandade, et à apporter un soutien logistique (équipements, renseignements, transports, etc.) à une force africaine composée de contingents de la Cédéao, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest. François Hollande avait exclu une participation directe de soldats français à toute tentative de rétablir l’intégrité territoriale du Mali.
L’opération n’en était qu’à ses débuts. Le déploiement des forces africaines ne devait pas intervenir avant plusieurs semaines voire plusieurs mois.
L’espoir des diplomates européens était même que le déploiement ne serait peut-être pas nécessaire. La menace même d’une intervention armée des soldats africains soutenus par l’Europe aurait pu effrayer les rebelles à un point tel que les sécessionnistes touareg se seraient désolidarisés des groupes terroristes de l’AQMI et auraient accepté d’entamer des négociations avec le gouvernement central de Bamako.
Non seulement cet espoir était vain, mais les rebelles ont tiré de la stratégie développée par les Européens, mollement soutenus par les Etats-Unis, des conclusions exactement inverses.
Sans attendre que le contingent multinational africain et les soldats maliens requinqués par les Européens soient en mesure de tenter un déploiement au nord du pays, ils sont passés à l’attaque, sachant que dans son état actuel, l’armée malienne était incapable de les arrêter.
François Hollande faisait donc face à un dilemme: ou assister à la déroute de leur politique au Mali ou intervenir directement dans le conflit, contrairement à toutes assurances qui avaient été données jusqu’à maintenant.
Après la prise par les insurgés de la ville de Kona qui est un verrou entre le nord et le sud du Mali, le président de la République avait profité de ses vœux au corps diplomatique pour faire une réponse ambiguë; la France répondra à la demande des autorités maliennes pour s’opposer à une «agression caractérisée», elle est prête à arrêter l’offensive des rebelles.
Ce qui laissait entendre que la France était maintenant disposée à intervenir directement face à une situation nouvelle. Mais qu'elle agirait en conformité avec les décisions du Conseil de sécurité, qu’elle attendrait un feu vert explicite de l’ONU.
Le président de la République a considéré que la résolution du 12 décembre du Conseil de sécurité qui faisait référence au chapitre VII de la Charte –menace contre la stabilité et la paix internationales– apportait une légitimité suffisante à une intervention ponctuelle.
Comme beaucoup de ses prédécesseurs, François Hollande avait dit que la France ne devait plus être le gendarme de l’Afrique. Comme eux, il se voit obligé de le redevenir moins d’un an après son arrivée au pouvoir.
Daniel Vernet
Article mis à jour avec la déclaration de François Hollande confirmant l'engagement des forces armées françaises.
slate.fr
Dans la suite de Nicolas Sarkozy, le président de la République a fait du Mali une priorité de sa politique étrangère.
«Mesdames, messieursDans ce pays où l’Etat central est en déliquescence, le nord est sous la coupe de groupes fondamentalistes islamistes, al-Qaida au Maghreb (AQMI) et d’un mouvement sécessionniste touareg. La France considère que le chaos dans cette région du Sahel constitue une menace terroriste pour l’Europe, sans oublier que sept Français ont été pris en otage.
Le Mali fait face à une agression d'éléments terroristes venant du nord, dont le monde entier sait désormais la brutalité et le fanatisme. Il en va donc aujourd'hui de l'existence même de cet Etat ami, le Mali, de la sécurité de sa population et de celle également de nos ressortissants. Ils sont 6.000 là-bas.
J'ai donc, au nom de la France, répondu à la demande d'aide du président du Mali, appuyé par les pays africains de l'ouest. En conséquence, les forces armées françaises ont apporté cet après-midi leur soutien aux unités maliennes pour lutter contre les éléments terroristes.
Cette opération durera le temps nécessaire, j'informerai régulièrement les Français sur son déroulement. Les ministres concernés, celui des Affaires étrangères, en liaison avec les Nations unies, car nous intervenons dans le cadre de la légalité internationale, comme le ministre de la Défense, donneront également toutes les informations utiles à la population. Enfin, le Parlement sera saisi dès lundi.
Les terroristes doivent savoir que la France sera toujours là, lorsqu'il s'agit, non pas de ses intérêts fondamentaux, mais des droits d'une population, celle du Mali, qui veut vivre libre et dans la démocratie. Merci.»
La diplomatie française s’est montrée très active à l’ONU pour obtenir le soutien du Conseil de sécurité à une intervention internationale au Mali. Mais il s’agissait d’un engagement indirect. La France et ses partenaires européens étaient prêts à participer à la formation de l’armée régulière malienne, en totale débandade, et à apporter un soutien logistique (équipements, renseignements, transports, etc.) à une force africaine composée de contingents de la Cédéao, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest. François Hollande avait exclu une participation directe de soldats français à toute tentative de rétablir l’intégrité territoriale du Mali.
L’opération n’en était qu’à ses débuts. Le déploiement des forces africaines ne devait pas intervenir avant plusieurs semaines voire plusieurs mois.
L’espoir des diplomates européens était même que le déploiement ne serait peut-être pas nécessaire. La menace même d’une intervention armée des soldats africains soutenus par l’Europe aurait pu effrayer les rebelles à un point tel que les sécessionnistes touareg se seraient désolidarisés des groupes terroristes de l’AQMI et auraient accepté d’entamer des négociations avec le gouvernement central de Bamako.
Non seulement cet espoir était vain, mais les rebelles ont tiré de la stratégie développée par les Européens, mollement soutenus par les Etats-Unis, des conclusions exactement inverses.
Sans attendre que le contingent multinational africain et les soldats maliens requinqués par les Européens soient en mesure de tenter un déploiement au nord du pays, ils sont passés à l’attaque, sachant que dans son état actuel, l’armée malienne était incapable de les arrêter.
François Hollande faisait donc face à un dilemme: ou assister à la déroute de leur politique au Mali ou intervenir directement dans le conflit, contrairement à toutes assurances qui avaient été données jusqu’à maintenant.
Après la prise par les insurgés de la ville de Kona qui est un verrou entre le nord et le sud du Mali, le président de la République avait profité de ses vœux au corps diplomatique pour faire une réponse ambiguë; la France répondra à la demande des autorités maliennes pour s’opposer à une «agression caractérisée», elle est prête à arrêter l’offensive des rebelles.
Ce qui laissait entendre que la France était maintenant disposée à intervenir directement face à une situation nouvelle. Mais qu'elle agirait en conformité avec les décisions du Conseil de sécurité, qu’elle attendrait un feu vert explicite de l’ONU.
Le président de la République a considéré que la résolution du 12 décembre du Conseil de sécurité qui faisait référence au chapitre VII de la Charte –menace contre la stabilité et la paix internationales– apportait une légitimité suffisante à une intervention ponctuelle.
Comme beaucoup de ses prédécesseurs, François Hollande avait dit que la France ne devait plus être le gendarme de l’Afrique. Comme eux, il se voit obligé de le redevenir moins d’un an après son arrivée au pouvoir.
Daniel Vernet
Article mis à jour avec la déclaration de François Hollande confirmant l'engagement des forces armées françaises.
slate.fr
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