mercredi 28 mai 2014

LETTRES DE MONTRÉAL: BEROAF, LE RENDEZ-VOUS DE LITTÉRATURE MIGRANTE ET IMMIGRANTE AU QUÉBEC

                 algeria                                                                                           
A-Kader Rahli






BEROAF est un sigle, il est vrai, quelque peu mystérieux en apparence. Il s'agit d'une maison d'édition, mais c'est aussi un espace et un tremplin pour "l'élite" d'une diaspora au Canada qui entend s'exprimer, s'affirmer et, pourquoi pas, rattraper le temps perdu.
BEROAF, ou pour être plus précis, "Les éditions BEROAF" est une jeune maison d'édition au Canada qui est comme un défi à la marginalisation de tant de talents, autres que de "souche" locale s'entend.

Et même si le talent n'a pas besoin de passeport ou de visa, il a une couleur, des odeurs et des saveurs que l'humeur du "temps local" peut ne pas avoir en odeur de sainteté.
Cette jeune maison d'édition a été créée par un migrant (ou un immigrant) algérien à Montréal, cette belle métropole de la belle province canadienne qu'est le Québec attire de plus en plus d'Algériens et de Maghrébins, entre autres.
La communauté algérienne est de plus en plus importante au Canada. Plus particulièrement au Québec et à Montréal où elle élit domicile du fait de la dominance d'une langue familière aux Maghrébins, le français. Cette communauté, estimée à plus de cinquante mille âmes, est la plus diplômée (de rang universitaire) au sein de l'immigration au pays, selon Statistiques Canada.
Il n'en fallait pas plus pour décider. Salah El Khalfa Beddiari, établi depuis vingt ans au Canada, ancien professeur de mathématique et physique à Annaba en Algérie, d'où il est originaire, pour oser relever le défi: offrir cet espace aussi bien aux compatriotes qu'au reste des immigrants au Québec et au Canada. Il est lui-même auteur de plusieurs récits de poésie (publiés au Canada) et d'un premier roman (Le joueur, Édition Beroaf, SVP).
Les éditions BEROAF sont ainsi présentées comme "une maison de publication dont la mission est de promouvoir la littérature migrante et immigrante au Québec et au Canada".
Ses portes sont ouvertes pour "les essais, les romans, les récits, les contes et la poésie d'auteurs immigrants de première et deuxième génération provenant de l'Afrique du Nord et de pays arabes".
"Le Joueur" est le premier roman édité et distribué au Canada par cette jeune maison d'édition. Une cinquantaine de manuscrits attendent leur chance dans les tiroirs de la jeune maison d'édition.
Mais, deux sont déjà sous presse. Il s'agit de "Les fenêtres grand ouvertes. Entretiens avec Rabah Boubrras", réalisé par un ancien journaliste de la chaîne 3 de la Radio algérienne, Mouloud Belabdi, sur le cinéma algérien.
Rabah Boubras est surtout connu du public algérien et maghrébin grâce à "Vague après vague", "Sombréro", "Le voyageur et la route" et "Sahara Blues".
Le deuxième ouvrage est "Adel le Sémite, ou l'éclipse du printemps" (poésie, de SEK Bediari). En fait, ce n'est pas la première expérience de lancement d'une maison d'édition à Montréal puisqu'un autre ancien journaliste de la chaîne 3 Aziz Fares, a déjà pris l'initiative avec ''Les éditions du Terroir'' qui s'est illustrée grâce à la publication au Canada de "Notre ami Bouteflika, de l'État rêvé à l'État scélérat" de Mohamed Benchicou.
Il y a eu aussi Les Éditions Naaman, une maison d'édition québécoise fondée en 1973 à Sherbrooke par Antoine Naaman, un professeur en lettres à l'Université de Sherbrooke. Elle a édité, entre autres, ''Solstice barbelé" (poésies) de Tahar Djaout, en 1975. Les Éditions Naaman ont disparu en 1987 avec la mort de son fondateur.
Nul doute que pour SEK Beddiari le terrain est propice tant la matière existe. Le fruit à cueillir viendra avec le temps, l'effort et le soutien. Alors, braves gens...

Aucun commentaire: