vendredi 20 février 2015
Chakib Khellil a détourné seul ou pour le clan Bouteflika ?
Réda Hameche, directeur de cabinet du patron de Sonatrach, lisait le courrier du PDG et filtrait les visiteurs. Le Café Presse Politique de Radio M a longuement évoqué le rôle de cet homme, ami personnel du frère du président Bouteflika.
Le CPP a gravement dérapé, jeudi 19 février. En partant d’une banale déclaration d’un PDG d’entreprise, le Café Presse Politique de Radio M a progressivement dérivé, pour en arriver à faire de graves insinuations sur des proches du président Abdelaziz Bouteflika.
C’est à peine si le CPP, qui accueillait de nouveaux invités, Mounir Boudjemaa, Tarek Draoui et Sid-Ahmed Hamouche, n’a pas laissé entendre que des proches du chef de l’Etat seraient mêlés à de graves affaires de corruption. Pourtant, l’émission avait commencé sur un ton serein. Commentant les déclarations de Mohamed Meziane, ancien PDG de Sonatrach, Mounir Boudjemaa a estimé que l’homme, qui gérait la première entreprise du pays, n’a apporté "rien de nouveau". Il prépare sa défense, en vue d’un procès qui devrait se tenir en mars, a-t-il estimé. A peine si M. Meziane, un homme "« complètement détruit, qui se présente en victime, dit qu’il y a des luttes au sommet", relève-t-il.
"Il veut camper le même personnage que le caissier principal de l’affaire Khalifa", rappelle El Kadi Ihsane. Mais au procès, M. Meziane "devra dire pourquoi il n’a pas dit non, et pourquoi c’est le ministre qui décidait" pour des questions concernant Sonatrach, souligne El Kadi Ihsane, qui relève l’absence "d’un maillon décisif", en l’occurrence Chakib Khelil, exfiltré aux Etats-Unis.
Pouvoir occulte d’un cabinet fantôme
Khaled Drareni a insisté, de son côté, sur le rôle de Réda Hameche, directeur de cabinet de Mohamed Meziane. Il a avait, dit-il, "un pouvoir extraordinaire, il lisait le courrier et filtrait les visiteurs". Saïd, le frère du président Bouteflika, était venu rendre visite à Réda Hameche, et ils ont monté l’escalier ensemble, pour que tout le monde les voie.
Saïd Djaafar est lui aussi intrigué par "le fonctionnement du cabinet de Réda Hameche". Selon lui, "il y a des centaines de bureaux de Hameche" dans le pays, ce qui donne lieu à "un fonctionnement non institutionnel". On ne sait si ces Hameche agissent "pour leurs intérêts et pour les intérêts de leurs mandants". Face à leur toute-puissance, "l’encadrement n’arrive pas à dire non". Pourtant, ces cadres "ont de la compétence, ils peuvent survivre en quittant le poste, mais ils ne disent pas non".
Pour cette raison, Abed Charef réfute l’argument de Souhila Benali qui redoute qu’un "innocent" soit condamné. Mohamed Meziane avait "à gérer 70 milliards de dollars, le tiers du PIB de l’Algérie. Maintenant, il nous dit que c’est son chef de cabinet qui gérait à sa place", déplore-t-il. Pour lui, "il faut que les titulaires de postes exercent leurs responsabilités selon la loi, et assument leurs décisions". "Tous ceux qui exercent du pouvoir doivent le faire de manière institutionnelle, pas en dehors de la loi", dit-il
Dérives
C’est à ce moment là que le CPP a dérivé. M. Khelil travaillait-il pour son propre compte, ou pour un cercle plus large ? Et qui fait partie de ce cercle ?, demande Abed Charef. L’ancien ministre de l’Energie était-il seul ?, se demande El Kadi Ihsane. Un indice montre que non, ose Abed Charef, qui rappelle que la presse a fait état d’une réunion à laquelle ont participé d’autres ministres, comme Mohamed Bedjaoui, dont le neveu, Farid Bedjaoui, est précisément l’interface dans les commissions versées à des partenaires italiens. Pour El Kadi Ihsane que c’est là "la moitié d’un cercle".
Mounir Boudjemaa estime pour sa part que "la légende voudrait que si Khelil tombe, il fait tomber des gens avec lui. Est-ce qu’il y a des gens avec lui ?". Pour lui, l’affaire Chakib Khelil, c’est "d’abord une affaire de trahison politique". Il rappelle que Khelil, "compagnon de route de plus de quarante ans", avait gardé la confiance du chef de l’Etat malgré l’affaire BRC. Saïd Djaafar réfute cette thèse du "bon Roi et du mauvais vizir". Mounir Boudjemaa rappelle aussi cette curiosité. Réda Hameche a été exfiltré en 2009, Chakib Khelil en 2010. Mais c’est la justice italienne qui a apporté l’essentiel des révélations sur l’affaire Sonatrach. Personne ne l’a dit au CPP, mais le sentiment général était que si la justice algérienne devait avoir un rôle à jouer, ce n’est pas de s’autosaisir, comme le souhaite Souhila Benali, mais d’étouffer l’affaire.
Miracle : le CPP dit du bien de la politique algérienne
Après ce terrain mouvant, le CPP a évoqué la Libye, où la situation s’est sérieusement détériorée. Ont été évoqués les fondamentaux de cette crise. Mounir Boudjemaa a rappelé que Daech, Al-Qaïda, c’est d’abord du terrorisme. "Aujourd’hui, on parle de Daech, Al-Qaïda, c’est has-been". Abed Charef rappelle aussi que la situation en Libye, c’est un pouvoir autoritaire, une intervention étrangère qui a détruit l’Etat libyen. Le même schéma a été vécu en Irak. Et aujourd’hui, on parle de nouveau d’intervention étrangère !
Sid-Ahmed Hamouche, qui a longuement travaillé sur la situation en Libye, a évoqué les acteurs de la crise libyenne, en présentant un tableau des diverses ramifications des groupes armés. Tarek Draoui parie sur un gouvernement d’union nationale en Libye, précisément parce que le péril est à leur porte. Mais ce qui inquiète le plus, c’est le son des tambours, après la vague d’émotion suscitée par l’assassinat de 21 coptes égyptiens par Daech. Ce qui amène le CPP à admettre que la démarche algérienne, visant une solution politique à travers un dialogue inter-libyen, reste la plus réfléchi. Pour une fois qu’au CPP on dit du bien du pouvoir algérien, cela méritait un youyou de Souhila Benali.
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