dimanche 13 septembre 2015

LIMOGEAGE DE TOUFIK : « Le Président dispose actuellement de tous les pouvoirs formels et informels »


Par Nadia Mellal (TSA)
rachid
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Le président Bouteflika a nommé ce dimanche 13 septembre le général Tartag à la tête du DRS, en remplacement du général Mohamed Medienne dit Toufik. Le politologue Rachid Tlemcani,  professeur en Relations internationales et Sécurité régionale à la Faculté des Sciences politiques  analyse le limogeage de Toufik.

Comment réagissez-vous à la mise à la retraite du général Toufik ?

C’est l’aboutissement d’un long processus de restructuration du DRS. Le président de la république a restructuré les organisations les plus importantes de ce département, en même temps, il a muté pas mal de généraux et de cadres supérieurs et a mis en retraite des généraux. La mise à la retraite du chef de cette institution est le dernier acte de ce long processus. Apparemment, la restructuration  du DRS est clôturée avec la mise à la retraite de son grand chef.

Que signifie cette mise à la retraite ?

La mise à la retraite du général Toufik signifie que le processus de la restructuration du DRS est bien achevé. Et ce n’est pas une surprise pour les experts. Nous, on s’attendait à cette décision

Cette mise à la retraite est-elle la conséquence d’une lutte de clans au sommet de l’État ?

Bien sûr. Depuis plusieurs années, il y avait une lutte de clans féroce entre la présidence et le DRS. Finalement c’est la présidence de la république qui a gagné la partie.

Que signifie la décision de limogeage de Toufik ?

Ça signifie que le pouvoir occulte va disparaître du système politique algérien.

Dans tous les domaines  ?

Le pouvoir occulte incarné par le DRS va disparaître de manière générale

Quelles sont les incidences de cette mise à la retraite sur la présidence de la république ?

Dès le début de sa prise de fonction, le président de la république a entamé une lutte sur tous les fronts pour avoir d’une part le pouvoir institutionnel et d’autre part pour avoir le pouvoir occulte détenu par le DRS. Mais après 15 ans de luttes, il est parvenu à cet objectif. Maintenant tout le pouvoir réside à la présidence de la république. Le président dispose actuellement de tous les pouvoirs formels et informels.

Quelles sont les incidences de cette décision sur les citoyens ?

Le pouvoir occulte détenu par le DRS disparaît de facto. Dans la vie de tous les jours, le citoyen lambda algérien ne sera pas « embêté par le DRS ». Les missions du DRS sont fortement diminuées au profit d’institutions formelles

Quelles sont les conséquences de cette décision sur la scène politique ?

Ça va donner un dynamisme à la vie politique. Comme on le sait, dans chaque institution, dans  chaque parti politique, dans chaque entreprise publique, il y a un bureau officiel  du DRS. Maintenant tout cela va disparaitre et la vie politique sera plus active qu’avant. C’est très important

Cette décision, constitue-t-elle une révolution dans la vie du pays  ?

Ce n’est pas une révolution, dans la mesure où le pouvoir ne sera pas plus démocratique qu’avant. Ça aurait pu être une révolution si le citoyen lambda était en charge de la décision politique. Ça aurait été une révolution si la participation politique devenait horizontale pour s’élargir à l’ensemble des structures du pays. Si la démocratie participative avait été généralisée à l’ensemble des structures et institution du pays. Mais ce n’est pas le cas. Il y a une concentration des pouvoirs au sein de la présidence. Le pouvoir n’est pas distribué au sein de la société civile, ce qui est une révolution.

Cette décision va-t-elle consacrer le principe de la primauté du civil sur le militaire ?

 Il faut attendre pour voir. Est-ce que la société civile pourra s’émanciper ? Pour créer une simple association de quartier, c’est difficile. Quand les organisations non gouvernementales (ONG,) petites ou grandes, locales et nationales auront un droit de regard sur la prise de décision politique, économique et même sécuritaire, on parlera de cela. Mais, malheureusement, il est impossible dans notre pays de créer une petite ONG ou association dans un quartier. Avant c’est le DRS, maintenant, c’est l’administration

Tartag  est un homme du président, ce qui n’était pas le cas de Toufik ?

Le pouvoir de l’intelligence qui est le DRS est très complexe. Les gens du DRS sont toujours sincères et obéissent toujours à leur chef. Et Toufik a été le chef de Tartag. En d’autres termes, Tartag a été formé et entraîné sous les ordres de Toufik. Tartag a été l’étudiant de Toufik et les bons étudiants restent fidèles et loyaux à leur maître.

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