Le
président Bouteflika a nommé ce dimanche 13 septembre le général Tartag
à la tête du DRS, en remplacement du général Mohamed Medienne dit
Toufik. Le politologue Rachid Tlemcani, professeur en Relations
internationales et Sécurité régionale à la Faculté des Sciences
politiques analyse le limogeage de Toufik.
Comment réagissez-vous à la mise à la retraite du général Toufik ?
C’est l’aboutissement d’un long
processus de restructuration du DRS. Le président de la république a
restructuré les organisations les plus importantes de ce département, en
même temps, il a muté pas mal de généraux et de cadres supérieurs et a
mis en retraite des généraux. La mise à la retraite du chef de cette
institution est le dernier acte de ce long processus. Apparemment, la
restructuration du DRS est clôturée avec la mise à la retraite de son
grand chef.
Que signifie cette mise à la retraite ?
La mise à la retraite du général Toufik
signifie que le processus de la restructuration du DRS est bien achevé.
Et ce n’est pas une surprise pour les experts. Nous, on s’attendait à
cette décision
Cette mise à la retraite est-elle la conséquence d’une lutte de clans au sommet de l’État ?
Bien sûr. Depuis plusieurs années, il y
avait une lutte de clans féroce entre la présidence et le DRS.
Finalement c’est la présidence de la république qui a gagné la partie.
Que signifie la décision de limogeage de Toufik ?
Ça signifie que le pouvoir occulte va disparaître du système politique algérien.
Dans tous les domaines ?
Le pouvoir occulte incarné par le DRS va disparaître de manière générale
Quelles sont les incidences de cette mise à la retraite sur la présidence de la république ?
Dès le début de sa prise de fonction, le
président de la république a entamé une lutte sur tous les fronts pour
avoir d’une part le pouvoir institutionnel et d’autre part pour avoir le
pouvoir occulte détenu par le DRS. Mais après 15 ans de luttes, il est
parvenu à cet objectif. Maintenant tout le pouvoir réside à la
présidence de la république. Le président dispose actuellement de tous
les pouvoirs formels et informels.
Quelles sont les incidences de cette décision sur les citoyens ?
Le pouvoir occulte détenu par le DRS
disparaît de facto. Dans la vie de tous les jours, le citoyen lambda
algérien ne sera pas « embêté par le DRS ». Les missions du DRS sont
fortement diminuées au profit d’institutions formelles
Quelles sont les conséquences de cette décision sur la scène politique ?
Ça va donner un dynamisme à la vie
politique. Comme on le sait, dans chaque institution, dans chaque parti
politique, dans chaque entreprise publique, il y a un bureau officiel
du DRS. Maintenant tout cela va disparaitre et la vie politique sera
plus active qu’avant. C’est très important
Cette décision, constitue-t-elle une révolution dans la vie du pays ?
Ce n’est pas une révolution, dans la
mesure où le pouvoir ne sera pas plus démocratique qu’avant. Ça aurait
pu être une révolution si le citoyen lambda était en charge de la
décision politique. Ça aurait été une révolution si la participation
politique devenait horizontale pour s’élargir à l’ensemble des
structures du pays. Si la démocratie participative avait été généralisée
à l’ensemble des structures et institution du pays. Mais ce n’est pas
le cas. Il y a une concentration des pouvoirs au sein de la présidence.
Le pouvoir n’est pas distribué au sein de la société civile, ce qui est
une révolution.
Cette décision va-t-elle consacrer le principe de la primauté du civil sur le militaire ?
Il faut attendre pour
voir. Est-ce que la société civile pourra s’émanciper ? Pour créer une
simple association de quartier, c’est difficile. Quand les organisations
non gouvernementales (ONG,) petites ou grandes, locales et nationales
auront un droit de regard sur la prise de décision politique, économique
et même sécuritaire, on parlera de cela. Mais, malheureusement, il est
impossible dans notre pays de créer une petite ONG ou association dans
un quartier. Avant c’est le DRS, maintenant, c’est l’administration
Tartag est un homme du président, ce qui n’était pas le cas de Toufik ?
Le pouvoir de l’intelligence qui est le
DRS est très complexe. Les gens du DRS sont toujours sincères et
obéissent toujours à leur chef. Et Toufik a été le chef de Tartag. En
d’autres termes, Tartag a été formé et entraîné sous les ordres de
Toufik. Tartag a été l’étudiant de Toufik et les bons étudiants restent
fidèles et loyaux à leur maître.
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