Les faits de corruption de dirigeants de Sonatrach évoqués dans l’enquête du journal australien The Age et du HuffPost américain ont eu lieu lorsque Chakib Khelil était le responsable omnipotent du secteur de l’Energie algérien. Les investigations des deux journaux ont mis au jour un vaste réseau de corruption au centre duquel se trouve une compagnie intermédiaire Unaoil, basée à Monaco.
Rentré triomphalement en Algérie le 17 mars dernier, avec probablement d’ambitieux desseins politiques, l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil pourrait être bientôt au cœur d’un nouveau scandale de corruption. L’enquête menée par le journal australien The Age et le HuffPost américain et publiée vendredi dernier évoque bel et bien des pots-de-vin de millions de dollars versés par Samsung et Huyndai à des responsables algériens pou obtenir des contrats en Algérie.
Les faits mentionnés dans l’enquête ont eu lieu lorsque Chakib Khelil était le responsable omnipotent du secteur de l’Energie : en échange de dessous de tables substantiels, ces responsables de Sonatrach auraient « facilité » à Hyundai l’obtention du contrat de 600 millions de dollars pour la rénovation de la raffinerie d’Arzew (2008) et à Samsung l’obtention d’un contrat de 1,2 milliard de dollars relatif à la modernisation de la raffinerie de Skikda (2009).
Pour rappel, les investigations du The Age et du HuffPost américain ont mis au jour un vaste réseau de corruption au centre duquel se trouve une compagnie intermédiaire Unaoil, basée à Monaco et qui dont faisaient partie les responsables de grandes compagnies de l’industrie des hydrocarbures dont Halliburton, Leighton Holdings, Petrofac, FMC Technologies, Eni et Saipem.
Omar Habour, de nouveau
En outre, si le propre nom de l’ancien patron du secteur de l’énergie algérien n’est pas cité dans l’affaire Unaoil, celui d’un homme réputé proche de lui l’est, en revanche. Il s’agit de Omar Habour, dont on a déjà entendu parler à l’occasion de l’affaire « Sonatrach 2 » jugée par la justice italienne et qui porte sur le versement de pots-de-vin par Eni/Saipem à des dirigeants de Sonatrach en échange de juteux marchés.
Omar Habour, de même qu’un autre Algérien du nom de Tewfik Guerbatou, sont ainsi soupçonnés, selon l’enquête du The Age et du Huffington Post américain d’avoir perçu des millions dollars pour exercer au bénéfice de Unaoil leur « influence » au sein de la compagnie indonésienne Petronas et d'autres compagnies.
Pour rappel, Chakib Khellil a occupé le poste de ministre de l'Energie entre 1999 et 2010. Visé par des enquêtes pour corruption diligentées en Algérie par le Département du renseignement et de la Sécurité (DRS, renseignements militaires), il s’est réfugié à l’étranger jusqu’à son retour au pays il y a deux semaines. Depuis son retour - et même bien avant - ses défenseurs, notamment le patron de l’ancien parti unique FLN Amar Saidani, martèlent que les enquêtes le visant n’étaient qu’une machination du DRS qui, suggère-t-on, en s’attaquant à lui, entendait faire pression sur son « mentor », le président de la République Abdelaziz Bouteflika.
Un avenir politique compromis ?
Le scandale Unaoil est survenu à un moment où Chakib Khelil non seulement savourait son retour au pays mais aussi, semble-t-il, se préparait à retourner sur la scène publique, dans un rôle plus important que celui de ministre, fût-il puissant. Si rien ne montre que ces révélations vont l’éclabousser personnellement, il semble probable qu’elles l’affaiblissent politiquement, et ce pour deux raisons.
La première est qu’il n’est pas exclu que le nom de l’ancien ministre de l’Energie soit cité, une fois des enquêtes judicaires diligentées ailleurs qu’en Algérie suite à ces révélations de faits de corruption mondiale. La seconde - et certainement la plus forte - est que qu’abstraction faite de la réalité de sa corruptibilité, sa gestion du secteur de l’énergie est plus que jamais en cause : non seulement elle a été marquée par des choix controversés en matière d’exploitation des ressources algérien en hydrocarbures mais aussi par tant de scandales qui en cachent peut-être d’autres et montrent à quel point l’ère Bouteflika a été celle d’une grosse corruption aux niveaux les plus influents de la pyramide économique.
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