jeudi 3 juillet 2014

Mondial - France-Allemagne: Inchallah les Bleus?

A-Kader Rahli



"La France est mon deuxième pays". Cette proclamation est celle d'un jeune Beur qui souhaite la victoire des bleus de Karim Benzema contre l'Allemagne en quart de finale. Elle a été faite -la précision est-elle nécessaire?- le soir de la défaite des Verts en huitièmes de finale contre ces mêmes Allemands.

Des chaînes de télévision françaises la passent "presque" en boucle après avoir joué le jeu "bleu marine" de l'extrême droite inconsciemment ou à dessein, en diffusant des déclarations stupides comme "la France est Algérienne" ou, encore, des scènes montrant des comportements condamnables de supporters des Fennecs dans certaines villes de l'Hexagone après la qualification de l'Algérie.



Ce souhait d'une victoire française synonyme d'une qualification en demi-finale, m'a fait revenir à l'escarmouche entre supporters des Fennecs et partisans des Allemands au Petit Maghreb à Montréal à l'issue la défaite des Verts, lundi, 30 juin dernier.

En fait, Je n'ai nullement été surpris d'apprendre que les partisans des Allemands venus manifester leur joie à l'issue de la victoire de la Mannschaft soient des Turcs. Certes, Il est possible que le second but inscrit par l'excellent Mesut Özil ait contribué à les encourager à oser venir défier les supporters algériens dans leur propre "temple", le Petit Maghreb et la rue Jean Talon. Ils ne sont pas les premiers à s'y hasarder en cortège pour crier leur joie après la victoire de leur équipe ou de sa qualification au tour suivant. Mais jusque-là, c'était sinon en admirateurs et alliés, du moins en "adversaires de nos adversaires" qu'on s'y rendait.


Qui supporte qui?

Un échange avec mon sympathique jeune voisin turc, Ismaël, me préparait à une telle réaction de ses compatriotes. Attirés par la présence de drapeaux allemands accrochés sur les deux flancs de son véhicule, naïvement je lui demandais ce qui expliquait une telle prise de position. Sa réponse a été aussi simple que directe: "Il y a neuf millions de Turcs en Allemagne dont six millions sont des citoyens allemands". On ne parle ici ni de Özil ni de Mustafi.

Quand l'Algérie, à l'issue de son match nul contre les Russes, s'est qualifiée, Ismaël était tout content de me féliciter en faisant observer que c'était "le seul pays musulman" qui sera présent au prochain tour.

La veille du match Algérie-Allemagne, par taquinerie, je lui faisais remarquer qu'il allait "regretter" le maintien des drapeaux sur sa voiture. Aussi, a-t- il "gentiment" demandé si je voulais qu'il les retire. J'ai répondu bien entendu par la négative.

Mais, quelle n'a pas été ma surprise quand, quittant mon domicile à peine quelques minutes à l'issue de la rencontre, j'ai été surpris de voir la première voiture arborant un drapeau allemand et klaxonnant furieusement, en signe de victoire, conduite par un jeune...De couleur au look rasta. Qui est partisan de qui?

Demain vendredi 4 juillet, la France affrontera l'Allemagne. Ce sera aussi l'occasion d'une revanche pour les Bleus après les défaites des demi-finales de juillet 1982 à Séville, en Espagne, et juin 1986 à Guadalajara, au Mexique.

Il ne fait aucun doute que les jeunes Beurs de France et autres émigrés algériens soutiendront Benzema et ses coéquipiers. Mais sera-t-il de même pour les supporters des Verts et des Algériens, du Bled et d'ailleurs, sachant que la communauté algérienne "là-bas chez-nous", est estimée à quelque quatre millions dont 2 millions de binationaux?

Allons-nous faire comme les Turcs? Et dire Inchallah les Bleus?

La question est juste posée, histoire (ou Histoire) de parler alliance et confrontation.

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